The China Mail - Avec "Femme vie liberté", l'Iran a changé, "ses prisons aussi", raconte l'ex-détenue Fariba Adelkhah

USD -
AED 3.672499
AFN 66.265317
ALL 82.40468
AMD 381.537936
ANG 1.790403
AOA 917.000022
ARS 1449.250344
AUD 1.512008
AWG 1.8025
AZN 1.702126
BAM 1.670125
BBD 2.014261
BDT 122.309039
BGN 1.670125
BHD 0.377012
BIF 2957.004398
BMD 1
BND 1.292857
BOB 6.910892
BRL 5.541298
BSD 1.000043
BTN 89.607617
BWP 14.066863
BYN 2.939243
BYR 19600
BZD 2.011357
CAD 1.37937
CDF 2558.4977
CHF 0.800557
CLF 0.023213
CLP 910.639964
CNY 7.04095
CNH 7.03546
COP 3860.210922
CRC 499.466291
CUC 1
CUP 26.5
CVE 94.159088
CZK 20.767103
DJF 178.088041
DKK 6.3801
DOP 62.644635
DZD 130.069596
EGP 47.704197
ERN 15
ETB 155.362794
EUR 0.853799
FJD 2.283697
FKP 0.747408
GBP 0.752191
GEL 2.685032
GGP 0.747408
GHS 11.486273
GIP 0.747408
GMD 72.999442
GNF 8741.72751
GTQ 7.663208
GYD 209.231032
HKD 7.807503
HNL 26.346441
HRK 6.434395
HTG 131.121643
HUF 330.3115
IDR 16697
ILS 3.20705
IMP 0.747408
INR 89.577502
IQD 1310.106315
IRR 42100.000417
ISK 125.62982
JEP 0.747408
JMD 160.018787
JOD 0.708954
JPY 157.48499
KES 128.909953
KGS 87.449713
KHR 4013.492165
KMF 419.999963
KPW 899.999767
KRW 1475.720355
KWD 0.30723
KYD 0.83344
KZT 517.535545
LAK 21660.048674
LBP 89556.722599
LKR 309.636651
LRD 177.012083
LSL 16.776824
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.420776
MAD 9.166901
MDL 16.930959
MGA 4548.055164
MKD 52.559669
MMK 2100.286841
MNT 3551.115855
MOP 8.015542
MRU 40.023056
MUR 46.14987
MVR 15.44991
MWK 1734.170189
MXN 18.038026
MYR 4.077033
MZN 63.900677
NAD 16.776824
NGN 1460.160187
NIO 36.804577
NOK 10.13354
NPR 143.372187
NZD 1.738853
OMR 0.385423
PAB 1.000043
PEN 3.367832
PGK 4.254302
PHP 58.570979
PKR 280.195978
PLN 3.589895
PYG 6709.363392
QAR 3.645959
RON 4.335402
RSD 100.234832
RUB 80.483327
RWF 1456.129115
SAR 3.751018
SBD 8.146749
SCR 15.161607
SDG 601.498126
SEK 9.25595
SGD 1.293096
SHP 0.750259
SLE 24.050657
SLL 20969.503664
SOS 570.513642
SRD 38.441503
STD 20697.981008
STN 20.921395
SVC 8.750267
SYP 11058.461434
SZL 16.774689
THB 31.424958
TJS 9.215661
TMT 3.5
TND 2.927287
TOP 2.40776
TRY 42.746498
TTD 6.787925
TWD 31.518903
TZS 2495.196618
UAH 42.285385
UGX 3577.131634
UYU 39.263908
UZS 12022.543871
VES 282.15965
VND 26312.5
VUV 121.02974
WST 2.787828
XAF 560.144315
XAG 0.014888
XAU 0.000231
XCD 2.70255
XCG 1.8024
XDR 0.69664
XOF 560.144315
XPF 101.840229
YER 238.386919
ZAR 16.764977
ZMK 9001.199587
ZMW 22.626703
ZWL 321.999592
  • AEX

    4.5100

    944.59

    +0.48%

  • BEL20

    19.7100

    5074.52

    +0.39%

  • PX1

    0.8200

    8151.38

    +0.01%

  • ISEQ

    28.7700

    13105.03

    +0.22%

  • OSEBX

    10.3900

    1660.14

    +0.63%

  • PSI20

    83.7200

    8211.61

    +1.03%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    46.5400

    4164.85

    +1.13%

  • N150

    9.6800

    3734.28

    +0.26%

Avec "Femme vie liberté", l'Iran a changé, "ses prisons aussi", raconte l'ex-détenue Fariba Adelkhah
Avec "Femme vie liberté", l'Iran a changé, "ses prisons aussi", raconte l'ex-détenue Fariba Adelkhah / Photo: © AFP

Avec "Femme vie liberté", l'Iran a changé, "ses prisons aussi", raconte l'ex-détenue Fariba Adelkhah

Dans la prison téhéranaise d'Evin, où est enfermée la lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, la plupart des détenues politiques entonnent souvent, ensemble, des chants révolutionnaires depuis le début du mouvement "Femme vie liberté", raconte l'ancienne "otage d'Etat" Fariba Adelkhah.

Taille du texte:

La contestation née en septembre 2022 de la mort de Mahsa Amini, jeune kurde de 22 ans trois jours après son arrestation pour non-respect du strict code vestimentaire de la République islamique, "a changé la société iranienne, mais aussi ses prisons", estime la chercheuse franco-iranienne, interrogée par l'AFP.

Des manifestations de grande ampleur, réprimées dans le sang, se sont tenues des mois durant contre les dirigeants politiques et religieux iraniens. Des centaines de protestataires ont été tués, des milliers d'autres arrêtés, selon les ONG.

Dans le quartier des femmes d'Evin sont enfermées des militantes des droits humains, des écologistes, des syndicalistes, des opposantes politiques, des représentantes de minorités religieuses... aux positions souvent divergentes. Mais "nous sommes devenues unies par cette cause", raconte Fariba Adelkhah, 64 ans, une anthropologue spécialiste de l'Iran.

Elle-même a été arrêtée le 5 juin 2019, à l'aéroport de Téhéran, où elle attendait son compagnon Roland Marchal, venu la retrouver. Des agents joliment vêtus, "endimanchés", l'invitent alors "très respectueusement" à les suivre, raconte-t-elle. Quelques heures plus tard démarre son premier interrogatoire, la tête "face à un mur".

De nombreux autres suivront, durant lesquels aucun coup ne lui sera jamais porté, assure-t-elle. "Que des interrogateurs vous frappent pour obtenir des réponses, ça arrive très souvent chez les hommes, mais je ne l'ai jamais entendu dire à propos des femmes durant ma détention."

La Nobel de la paix Narges Mohammadi a pour sa part énoncé les violences sexuelles contre les femmes en prison.

- "Humiliations psychologiques" -

"L'absence de violences physiques n'empêche pourtant pas des humiliations psychologiques constantes", s'empresse d'ajouter Fariba Adelkhah.

Elle est finalement condamnée à six ans de prison, cinq pour "collusion avec l'étranger" et un pour "propagande contre la République islamique".

Mme Adelkhah sera graciée en février dernier après plus de trois ans et demi d'enfermement ou d'assignation à résidence avec bracelet électronique. Huit mois après cette décision, Téhéran lui rendra son passeport, permettant son retour en France.

Roland Marchal, chercheur spécialiste de l'Afrique, arrêté le même jour qu'elle, a été libéré en mars 2020 dans le cadre d'un échange de détenus entre Téhéran et Paris.

"Je ne peux toujours pas comprendre ce qui m'était reproché", soupire la Franco-iranienne dans un sourire chaleureux que des années "passées derrière un mur" n'ont pas réussi à éroder, malgré une grève de la faim de 50 jours dont elle est ressortie exsangue.

Paris a plusieurs fois utilisé le terme d'"otages d'Etat" pour désigner son cas et celui des autres Français détenus par Téhéran.

Dans son travail en Iran, la chercheuse dit s'être astreinte à respecter "trois lignes rouges" : "la révolution", "l'Islam" et "le statut du guide suprême", trois questions extrêmement sensibles, qui ont pu lui valoir des accusations de complaisance envers Téhéran, qu'elle réfute.

Mais "le régime criminalise des actions qui ne sont pas criminelles", observe la sexagénaire. A la fin, on devient à ses yeux toutes des opposantes."

- "Comme tu es belle" -

"Femme vie liberté", qui a mis Téhéran en grande difficulté, a transcendé ses codétenues, dit-elle. A Evin, les prisonnières sont têtes nues quand elles sont entre elles, mais sont tenues de se couvrir si un homme rentre dans leurs quartiers, ou si elles doivent aller à l'hôpital. Après le démarrage du mouvement, presque "plus personne ne portait le voile" lors d'une irruption masculine, se souvient-elle.

Mercredi soir, la famille de la Nobel de la paix 2023 Narges Mohammadi a assuré que celle-ci était privée de soins urgents, malgré des troubles cardiaques et pulmonaires, en raison de son refus de se couvrir la tête.

Dans un message publié sur le site officiel du Nobel mardi, Mme Mohammadi avait notamment décrit le hijab obligatoire comme "la source principale de contrôle et de répression dans la société, visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire".

Arrêtée à 13 reprises, condamnée cinq fois à un total de 31 ans de prison et 154 coups de fouet, et à nouveau incarcérée depuis 2021, Narges Mohammadi a fait de la prison "un espace de combat, de contestation par excellence", dans lequel elle est "plus entendue que quand elle est à l'extérieur", observe Fariba Adelkhah.

La chercheuse était encore en Iran début octobre quand son ex-codétenue s'est vue décerner le prix Nobel de la paix. Elle se souvient de "sourires" dans la rue, d'une certaine "légèreté" sur les visages.

"Maintenant, quand des femmes qui ne portent pas le voile se rencontrent dans la rue, ce qui était impensable avant, elles se disent: +Mais comme tu es belle!+", se réjouit-elle.

Au quotidien, les manifestations massives de "Femme vie liberté" sont devenues très rares, mais "la République islamique est obligée de céder sur bien des choses", dit-elle. Dans les rues d'Iran, comme dans ses prisons.

A.Kwok--ThChM