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Les compétitions féminines de football seront désormais interdites aux femmes transgenres en Angleterre et en Ecosse, ont jeudi annoncé les deux fédérations, après une décision de la cour suprême du Royaume-Uni sur la transidentité condamnée par les associations LGBT+.
La Football Association (FA), en charge de la gouvernance du football en Angleterre, a fait volte-face sur ce "sujet complexe", comme elle l'a décrit jeudi, pour se conformer à la loi britannique.
Les transgenres étaient jusqu'ici autorisées à jouer dans des équipes féminines, à condition de réduire leur taux de testostérone. Ce principe d'inclusion avait été réaffirmé récemment par la FA, à l'occasion d'une modification de son règlement.
Mais celui-ci se télescope désormais avec la décision de la Cour suprême, en date du 16 avril, de fonder la définition légale d'une femme sur le sexe biologique.
Si "notre rôle est de rendre le football accessible au plus grand nombre", a écrit la Fédération, il convient de se conformer aux textes juridiques en vigueur et le nouveau règlement entrera en vigueur "à partir du 1er juin 2025", a-t-elle précisé. La fédération écossaise a annoncé jeudi une décision similaire pour une application à partir de la saison prochaine.
"Nous comprenons que cela sera difficile pour les personnes qui veulent simplement pratiquer le sport qu'elles aiment, dans le genre auquel elles s'identifient", a affirmé la FA, assurant contacter "les femmes transgenres enregistrées" pour "leur expliquer les changements" et la manière dont "elles peuvent continuer" à pratiquer leur sport.
Ces changements de règlement s'appliqueront à toutes les compétitions féminines, chez les amateurs et les professionnelles, dans les deux pays. Moins de trente personnes seraient concernées en Angleterre, toutes au niveau amateur, selon la BBC.
- "Le football, c'est fini" -
"Il semble qu'il s'agisse en grande partie d'un argument académique avancé dans les studios de télévision et de radio du pays par des personnes qui ne sont pas impliquées dans le football", a réagi Natalie Washington, militante au sein de l'association "Football v Transphobia".
"Les gens que je connais et qui en parlent disent: +eh bien pour moi, le football, c'est fini+", a-t-elle déclaré auprès de l'agence britannique Press Association.
A l'inverse, la décision annoncée jeudi a été applaudie par Fiona McAnena, membre de l'association "Sex Matters".
"La FA a eu de nombreuses preuves des préjudices causés aux femmes et aux jeunes filles par sa politique absurde consistant à laisser les hommes qui s'identifient comme des femmes jouer dans des équipes féminines", a-t-elle déclaré.
La décision de la Cour suprême du Royaume-Uni est l'aboutissement d'une bataille juridique de quatre ans entre le gouvernement écossais, très engagé en faveur des droits des personnes transgenres, et l'association "For Women Scotland".
Elle a donné lieu à des rassemblements pour la défense des droits des personnes transgenres, notamment à Londres et à Edimbourg avec plusieurs milliers de manifestants.
La rapidité à laquelle la FA a tranché sur le sujet surprend Seema Patel, enseignante à la Nottingham Law School, qui a remis récemment à la Fifa un rapport sur les politiques d'éligibilité en matière de genre dans le football.
"On pourrait dire qu'il s'agit d'une réaction instinctive et qu'il est bien trop tôt pour tirer des conclusions depuis l'arrêt" de la Cour suprême, a-t-elle déclaré dans un communiqué à l'AFP.
La participation des personnes transgenres dans le sport féminin est devenue une question brûlante pour les différentes fédérations qui tentent de trouver un équilibre entre l'inclusion et la garantie d'une compétition équitable.
Celles régissant le cyclisme, la natation ou encore l'athlétisme ont renforcé leurs politiques pour interdire de fait les femmes transgenres, pour éviter qu'elles bénéficient d'éventuels "avantages disproportionnés" dans leurs performances ou par crainte d'une éventuelle action en justice si une femme biologique était blessée par une adversaire transgenre.
F.Brown--ThChM