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En 2024, Donald Trump avait fait campagne avec pour promesse de publier le dossier Epstein. De retour à la Maison Blanche, il a exhorté sa base à tourner la page mais le président américain, acculé par le Congrès, doit finalement tenir son engagement vendredi.
Après avoir renâclé à s'exécuter jusqu'à l'ultime délai prévu par la loi, le gouvernement du milliardaire républicain est censé publier dans la journée les documents en sa possession dans cette affaire, qui agite les Etats-Unis depuis de nombreuses années.
"Nous espérons que le gouvernement respectera cet engagement", a déclaré Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. "Mais si le ministère de la Justice ne se conforme pas à ce qui est désormais une loi fédérale, il y aura une forte réaction" aussi bien démocrate que républicaine, a-t-il averti.
Pour le public et les victimes, la publication du dossier constitue la meilleure occasion de faire la lumière sur ce scandale.
La mort du financier Jeffrey Epstein, retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019 avant son procès pour crimes sexuels, a alimenté d'innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour étouffer un scandale éclaboussant des personnalités de premier plan.
S'il avait promis des révélations fracassantes en campagne, Donald Trump avait ensuite pris à contre-pied ses partisans en les sommant de passer à autre chose, qualifiant l'affaire de "canular" instrumentalisé par l'opposition démocrate.
Le président américain n'a cependant pas pu empêcher le Congrès d'adopter une loi visant à apporter la plus grande transparence dans ce dossier et dû la promulguer le 19 novembre. Le texte donnait 30 jours au gouvernement pour s'exécuter. Un délai qui expire vendredi.
- "Faire diversion" -
Cette loi fait obligation au ministère de la Justice de publier l'intégralité des documents non classifiés en sa possession sur Jeffrey Epstein, sa complice Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de vingt ans de prison, et toutes les personnes impliquées dans les procédures judiciaires.
L'inconnue persiste sur la portée des révélations à attendre.
"La vérité c'est que nous ne savons pas ce que le ministère de la Justice fera demain", a déclaré jeudi à la chaîne CNN l'élu démocrate Robert Garcia.
"Ce que nous savons, c'est ce qu'ils ont fait par le passé: ils ont essayé de dissimuler, ils ont essayé de faire diversion".
En juillet, le ministère de la Justice et le FBI avaient annoncé dans un memorandum n'avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou de nouvelles poursuites. L'annonce avait enflammé la base "MAGA" de Donald Trump.
Les documents attendus pourraient embarrasser nombre de personnalités, notamment du monde des affaires, de la politique ou du spectacle, qui gravitaient dans l'orbite du financier. Y compris Donald Trump, longtemps proche de Jeffrey Epstein jusqu'à leur brouille dans les années 2000.
- "Amis démocrates d'Epstein" -
Le milliardaire, alors lui aussi une figure de la jet-set new-yorkaise, a toujours démenti avoir eu connaissance du comportement criminel d'Epstein et assure avoir rompu avec lui bien avant qu'il ne soit inquiété par la justice.
La semaine dernière, des élus de l'opposition avaient publié une nouvelle série de photos sur lesquelles on voit notamment Jeffrey Epstein en compagnie de l'ex-président démocrate Bill Clinton, d'entrepreneurs à succès comme Bill Gates ou Richard Branson, ou encore du cinéaste Woody Allen.
Donald Trump y apparaît également, en compagnie de femmes au visage occulté.
"Il est temps pour le ministère de la Justice de publier le dossier", ont lancé jeudi ces élus, après avoir rendu publiques 68 nouvelles photos obtenues des légataires de Jeffrey Epstein.
La Maison Blanche avait soutenu la semaine dernière que "l'administration Trump (avait) fait plus pour les victimes d'Epstein que les démocrates n'ont jamais fait, en publiant des milliers de pages de documents et en appelant à de nouvelles enquêtes sur les amis démocrates d'Epstein".
L'opposition s'inquiète pour sa part d'une possible manipulation du dossier avant sa publication.
Deux sénateurs démocrates ont réclamé dans une lettre ouverte à l'inspecteur général du ministère de la Justice un "audit indépendant" pour garantir que rien n'ait été "ni manipulé ni dissimulé".
A.Zhang--ThChM