The China Mail - Quatre ans après la débâcle à l'aéroport de Kaboul, des familles meurtries à jamais

USD -
AED 3.67295
AFN 69.000368
ALL 83.803989
AMD 383.103986
ANG 1.789783
AOA 917.000367
ARS 1297.536634
AUD 1.537304
AWG 1.80075
AZN 1.70397
BAM 1.673054
BBD 2.018392
BDT 121.454234
BGN 1.67146
BHD 0.376789
BIF 2960
BMD 1
BND 1.281694
BOB 6.907525
BRL 5.400904
BSD 0.999658
BTN 87.426861
BWP 13.378101
BYN 3.334902
BYR 19600
BZD 2.00793
CAD 1.38195
CDF 2895.000362
CHF 0.806593
CLF 0.024552
CLP 963.170396
CNY 7.182104
CNH 7.188904
COP 4016
CRC 505.132592
CUC 1
CUP 26.5
CVE 94.903894
CZK 20.904404
DJF 177.720393
DKK 6.37675
DOP 61.72504
DZD 129.567223
EGP 48.265049
ERN 15
ETB 141.150392
EUR 0.85425
FJD 2.255904
FKP 0.737351
GBP 0.73749
GEL 2.690391
GGP 0.737351
GHS 10.65039
GIP 0.737351
GMD 72.503851
GNF 8677.503848
GTQ 7.667237
GYD 209.056342
HKD 7.82575
HNL 26.403838
HRK 6.43704
HTG 130.804106
HUF 337.803831
IDR 16203
ILS 3.377065
IMP 0.737351
INR 87.51385
IQD 1310
IRR 42112.503816
ISK 122.380386
JEP 0.737351
JMD 159.957228
JOD 0.70904
JPY 147.12504
KES 129.503801
KGS 87.378804
KHR 4005.00035
KMF 420.503794
KPW 900.025178
KRW 1388.970383
KWD 0.30545
KYD 0.83302
KZT 541.497006
LAK 21602.503779
LBP 89195.979899
LKR 300.889649
LRD 201.503772
LSL 17.590381
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.415039
MAD 9.009504
MDL 16.668948
MGA 4440.000347
MKD 52.634731
MMK 2098.603064
MNT 3597.89485
MOP 8.055945
MRU 39.950379
MUR 45.580378
MVR 15.410378
MWK 1735.000345
MXN 18.74305
MYR 4.213039
MZN 63.903729
NAD 17.590377
NGN 1532.720377
NIO 36.760377
NOK 10.19984
NPR 139.882806
NZD 1.688633
OMR 0.384284
PAB 0.999645
PEN 3.560375
PGK 4.140375
PHP 56.553038
PKR 282.050374
PLN 3.639079
PYG 7320.786997
QAR 3.640604
RON 4.325804
RSD 100.223038
RUB 80.100397
RWF 1445
SAR 3.752253
SBD 8.223773
SCR 14.145454
SDG 600.503676
SEK 9.55527
SGD 1.280704
SHP 0.785843
SLE 23.303667
SLL 20969.49797
SOS 571.503662
SRD 37.56037
STD 20697.981008
STN 21.3
SVC 8.746792
SYP 13002.014293
SZL 17.590369
THB 32.440369
TJS 9.321608
TMT 3.51
TND 2.88425
TOP 2.342104
TRY 40.873025
TTD 6.782633
TWD 30.032504
TZS 2612.503628
UAH 41.258597
UGX 3558.597092
UYU 39.991446
UZS 12550.000334
VES 135.47035
VND 26270
VUV 119.201287
WST 2.766305
XAF 561.119404
XAG 0.026323
XAU 0.0003
XCD 2.70255
XCG 1.801625
XDR 0.702337
XOF 561.000332
XPF 102.375037
YER 240.275037
ZAR 17.59525
ZMK 9001.203584
ZMW 23.166512
ZWL 321.999592
  • AEX

    -2.5200

    895.77

    -0.28%

  • BEL20

    -4.7800

    4774.31

    -0.1%

  • PX1

    52.7300

    7923.45

    +0.67%

  • ISEQ

    66.8100

    11787.28

    +0.57%

  • OSEBX

    3.2600

    1634.23

    +0.2%

  • PSI20

    57.9200

    7780.46

    +0.75%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -4.9800

    3105.29

    -0.16%

  • N150

    7.0900

    3736.97

    +0.19%

Quatre ans après la débâcle à l'aéroport de Kaboul, des familles meurtries à jamais
Quatre ans après la débâcle à l'aéroport de Kaboul, des familles meurtries à jamais / Photo: © AFP/Archives

Quatre ans après la débâcle à l'aéroport de Kaboul, des familles meurtries à jamais

Kaboul, 16 août 2021. Pétrifiés à l'idée de voir les talibans reprendre le pouvoir, des Afghans s'accrochent au fuselage d'un avion américain au décollage, et en chutent. Quatre ans plus tard, leurs familles ressassent un acte insensé et des plaies incicatrisables.

Taille du texte:

Les images ont fait le tour du monde: des centaines de personnes courent à côté d'un avion militaire sur le point de décoller et certaines s'y accrochent. D'autres vidéos montrent des silhouettes se détachant du C-17, avant de sombrer dans les airs.

L'une était celle de Shafiullah Hotak.

A 18 ans, il rêvait de devenir médecin mais, faute d'argent pour ses études, était contraint à des travaux journaliers.

Le 16 août 2021, au lendemain de la prise de Kaboul par les talibans, il se laisse emporter par les rumeurs: les Américains, après 20 ans de guerre, embarquent avec eux des Afghans pressés de déguerpir.

"Je pars aux Etats-Unis!", dit-il à ses parents à l'aube, un simple billet de 50 afghanis (moins d'un euro) en poche.

L'aéroport est pris d'assaut par des familles venues avec le moindre bout de papier pouvant, rêvent-elles, leur permettre de partir.

"Shafiullah avait de l'espoir. Il disait que s'il arrivait aux Etats-Unis, je pourrais arrêter de travailler, qu'il nous rendrait ce que nous avions fait pour lui", relate sa mère, Zar Bibi Hotak.

"Je lui ai donné sa carte d'identité et il est parti. Puis on a appris qu'il était mort".

- Tombés sur un toit -

Plus de 120.000 personnes ont été évacuées en août 2021 par les pays de l'OTAN, dont 2.000 avaient directement travaillé contre les talibans. Des milliers d'autres ont quitté le pays les mois suivants.

"On nous racontait les histoires du précédent régime taliban (1996-2001), que même la farine était difficile à trouver. Avec ces récits en tête, on s'inquiétait. On pensait qu'il n'y aurait plus de travail", explique à l'AFP Intizar Hotak, 29 ans, frère de Shafiullah.

Dans leur quartier de l'est de Kaboul, les seuls qui s'en sortent ont de la famille à l'étranger.

"Shafiullah disait que la situation ne pourrait pas s'améliorer, qu'il valait mieux partir", se rappelle sa mère, serrant contre elle un portrait du jeune homme.

Son corps est tombé sur le toit d'une maison dans le nord de la capitale, à quelques kilomètres de l'aéroport, comme celui de Fida Mohammed Amir, 24 ans.

Lui, de l'aveu de son père Payanda Mohammed Ibrahimi, haïssait les talibans.

Ce matin-là, il prétexte un rendez-vous dans sa clinique et quitte la maison familiale de Paghman, village proche de Kaboul.

En début d'après-midi, ils reçoivent un appel d'un inconnu qui dit être à l'aéroport: "Vous connaissez Fida? Il est tombé d'un avion".

Le jeune dentiste avait glissé dans sa poche le numéro de son père.

- "Je ne comprenais rien" -

Zar Bibi Hotak a été avertie par des proches qui ont vu la photo de Shafiullah partagée sur Facebook par des témoins à l'aéroport.

"J'ai hurlé, j'ai couru comme une folle. Certains voisins étaient gênés, se demandaient comment réagir. Un autre m'a attrapée et ramenée chez moi", raconte-t-elle.

"Je ne comprenais rien, je ne savais même pas qu'il était allé à l'aéroport", se remémore Intizar Hotak.

C'est lui qui est allé chercher la dépouille de son frère, méconnaissable.

"J'espère que Dieu n'imposera jamais à personne de voir une chose pareille", murmure-t-il, le regard fuyant.

A ce jour, le nombre de victimes de l'évacuation demeure inconnu.

L'armée américaine a blanchi en 2022 l'équipage de l'avion, qui a "décidé de quitter l'aérodrome aussi vite que possible" au vu de la dégradation de la situation sécuritaire et des "centaines de civils encerclant l'appareil", avait rapporté une porte-parole.

Insuffisant, jugent toutes les familles interrogées par l'AFP, qui disent leur chagrin aggravé par l'absence d'excuses.

"Personne ne nous a appelés: ni le précédent gouvernement, ni les talibans, ni les Américains", s'indigne Zar Bibi Hotak.

"Les avions sont équipés de caméras (...), le pilote savait ce qu'il faisait, que c'était dangereux, il aurait pû s'arrêter", accuse Zakir Anwari, dont le frère Zaki a été écrasé par l'avion, sur le tarmac.

- Cauchemars -

Jeune espoir du football de 17 ans, Zaki s'était rendu à l'aéroport par curiosité, avec un de ses autres frères. Il aurait ensuite décidé de tenter sa chance, croit Zakir Anwari.

"Peut-être qu'il craignait que les talibans interdisent le football", suggère-t-il.

Sous leur premier régime, les talibans avaient interdit presque toutes forme de divertissement, et instillé un climat de terreur. a partir de 2021, ils ont progressivement instauré des lois liberticides, visant surtout les femmes.

"Tout le monde s'est demandé comment Zaki, aussi intelligent, a pris un tel risque. Mais il n'était pas le seul: j'ai rencontré à l'aéroport un père de six enfants qui disait fièrement qu'il avait essayé par trois fois de s'accrocher à un avion", poursuit Zakir Anwari.

De l'aéroport où il s'est rué pour tenter de retrouver son frère, il se rappelle des corps entassés dans un pick-up, du sang au sol et d'être frappé par un taliban.

"J'ai eu des cauchemars pendant un an. Impossible d'oublier", confesse-t-il.

Payanda Ibrahimi hésite, lui, à reparler de son fils, n'y voyant qu'une façon de "rouvrir la blessure".

"Personne ne s'en soucie et personne ne peut comprendre", dit-il, le regard brisé par la douleur.

"Fida ne voulait pas mal faire. Comme lui, il y avait des milliers de familles à l'aéroport", argue-t-il.

"Elles n'y sont pas allées pour mourir, mais pour fuir. Et survivre".

B.Carter--ThChM