The China Mail - Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi

USD -
AED 3.672499
AFN 67.9999
ALL 81.809351
AMD 382.940075
ANG 1.790403
AOA 917.000128
ARS 1473.737602
AUD 1.50421
AWG 1.8025
AZN 1.703563
BAM 1.652067
BBD 2.013684
BDT 121.729949
BGN 1.654174
BHD 0.376974
BIF 2942.5
BMD 1
BND 1.276513
BOB 6.909369
BRL 5.310903
BSD 0.999789
BTN 87.785057
BWP 14.174386
BYN 3.386916
BYR 19600
BZD 2.010974
CAD 1.377615
CDF 2824.999908
CHF 0.78893
CLF 0.024271
CLP 952.140011
CNY 7.10365
CNH 7.10234
COP 3877.34
CRC 503.86451
CUC 1
CUP 26.5
CVE 93.500677
CZK 20.583202
DJF 177.720038
DKK 6.31651
DOP 62.501128
DZD 129.147944
EGP 48.1435
ERN 15
ETB 144.894678
EUR 0.84618
FJD 2.237697
FKP 0.732451
GBP 0.73399
GEL 2.69985
GGP 0.732451
GHS 12.259588
GIP 0.732451
GMD 71.999919
GNF 8660.000017
GTQ 7.658909
GYD 209.190246
HKD 7.77741
HNL 26.216159
HRK 6.372399
HTG 130.827385
HUF 330.220176
IDR 16451
ILS 3.34403
IMP 0.732451
INR 87.91105
IQD 1309.794315
IRR 42062.511908
ISK 120.850111
JEP 0.732451
JMD 160.42573
JOD 0.708984
JPY 146.95701
KES 129.500631
KGS 87.449805
KHR 4007.999843
KMF 414.999763
KPW 899.982242
KRW 1383.390101
KWD 0.305105
KYD 0.833281
KZT 541.784406
LAK 21650.000006
LBP 89550.00017
LKR 301.744309
LRD 176.978442
LSL 17.339649
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.414992
MAD 8.962501
MDL 16.483141
MGA 4392.800875
MKD 52.075928
MMK 2099.648647
MNT 3597.429174
MOP 8.008836
MRU 39.919911
MUR 45.060047
MVR 15.310509
MWK 1736.999886
MXN 18.31746
MYR 4.195028
MZN 63.910054
NAD 17.340049
NGN 1496.310402
NIO 36.795202
NOK 9.818035
NPR 140.445158
NZD 1.68601
OMR 0.384498
PAB 0.999869
PEN 3.478988
PGK 4.179901
PHP 56.759877
PKR 281.499807
PLN 3.60145
PYG 7134.349791
QAR 3.64075
RON 4.287702
RSD 99.153034
RUB 84.001828
RWF 1449.370858
SAR 3.751226
SBD 8.217066
SCR 14.245332
SDG 601.500154
SEK 9.29429
SGD 1.27812
SHP 0.785843
SLE 23.309947
SLL 20969.503664
SOS 570.426997
SRD 38.238498
STD 20697.981008
STN 20.695189
SVC 8.748575
SYP 13001.781154
SZL 17.38113
THB 31.819802
TJS 9.423994
TMT 3.51
TND 2.894117
TOP 2.342101
TRY 41.306105
TTD 6.782954
TWD 30.101401
TZS 2469.99968
UAH 41.229219
UGX 3499.598767
UYU 40.202406
UZS 12283.739947
VES 160.24738
VND 26375
VUV 118.610162
WST 2.654417
XAF 554.132401
XAG 0.023956
XAU 0.000273
XCD 2.70255
XCG 1.801917
XDR 0.687945
XOF 554.087933
XPF 100.739114
YER 239.549943
ZAR 17.40576
ZMK 9001.198326
ZMW 23.422076
ZWL 321.999592
  • AEX

    3.2800

    914.81

    +0.36%

  • BEL20

    3.7700

    4710.6

    +0.08%

  • PX1

    -31.2700

    7786.98

    -0.4%

  • ISEQ

    3.3800

    11275.95

    +0.03%

  • OSEBX

    -6.6300

    1650.53

    -0.4%

  • PSI20

    -7.7400

    7729.87

    -0.1%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -7.6800

    3485.48

    -0.22%

  • N150

    -6.2200

    3655.42

    -0.17%

Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi
Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi / Photo: © AFP

Pakistan: les morts ne reposent jamais en paix dans les cimetières engorgés de Karachi

Dans la grouillante mégalopole de Karachi, la plus grande ville du Pakistan, les cimetières sont pleins à craquer et les morts manquent d'espace pour reposer en paix.

Taille du texte:

Mais pour une bonne somme d'argent, donnée à la bonne personne, une concession peut être "trouvée" pour un être cher par des gangs véreux qui démolissent de vieilles tombes pour faire place à de nouvelles.

Dans la tentaculaire cité côtière (Sud), qui abrite 20 millions d'habitants, le cimetière du quartier privilégié de Pechs est officiellement complet depuis cinq ans.

Ce grand cimetière urbain est encombré de tombes. Petites ou grandes, elles sont encastrées les unes dans les autres, dans chaque recoin, semblables à des pièces de Tetris; certaines sont creusées à même le sol, d'autres surélevées sur un socle en pierre.

Malgré le manque de place, de nouvelles tombes apparaissent sans cesse, érigées sur d'anciennes sépultures démolies par des individus peu scrupuleux facturant des montants faramineux .

Des journalistes de l'AFP ont vu un groupe concassant une tombe et transportant furtivement dans des paniers les débris, jusqu'à ce qu'un espace suffisant pour en bâtir une nouvelle eût été dégagé.

"Il n'y a aucune place dans tout Karachi", explique l'un de ces hommes, Khalil Ahmed. "Nous devons détruire d'anciennes tombes si nous voulons en construire de nouvelles".

Le tarif fixé par l'administration pour un enterrement est de 7.900 roupies (40 euros). Mais deux résidents ont rapporté avoir payé l'an passé 55.000 et 175.000 roupies pour mettre en terre des proches, dans ce même cimetière.

Selon Khalil, l'argent est partagé entre une quarantaine d'hommes et d'adolescents qui, quand ils ne travaillent pas, se prélassent sur des banquettes à l'ombre.

- 'La mafia des fossoyeurs' -

Avec ses comparses, il fait partie de ce que la classe politique et les médias appellent la "mafia des fossoyeurs".

Le mot mafia est employé à toutes les sauces au Pakistan. On se plaint de la "mafia du lait" qui mélange de l'eau au lait, de la "mafia du sucre" qui fait monter les prix, de la "mafia de la terre" qui accapare les terres.

Les fossoyeurs profitent de la croissance démographique du pays. Le Pakistan est le 5e plus peuplé au monde, avec 220 millions d'habitants, et sa population augmente de quatre millions de personnes chaque année. Cette hausse s'accompagne d'un fort exode rural.

Muhammad Aslam, 72 ans, a vu la mafia des fossoyeurs prospérer avec l'essor de la population de Karachi. Quand il s'est installé juste à côté du cimetière de Pechs en 1953, ce n'était encore qu'un "endroit déserté".

Mais "la place a vite manqué" et le prix des funérailles n'a cessé d'augmenter au fil des ans.

En 1967, sa famille avait payé 50 roupies pour enterrer son grand-père. Un parent inhumé par la mafia en 2020 en a coûté 33.000.

"Le problème de base, c'est que l'infrastructure est insuffisante", reconnaît Ali Hassan Sajid, un porte-parole de la municipalité.

Celle-ci gère 39 des quelque 250 cimetières de Karachi, dont celui de Pechs. Six d'entre eux sont fermés et les autres sont "presque pleins".

"En certains endroits de la ville, les infrastructures sont les mêmes qui existaient quand le Pakistan a été fondé" en 1947, avoue M. Sajid.

Il admet que la mafia continue à procéder à des inhumations dans des cimetières normalement fermés, mais assure que la municipalité s'efforce de mettre fin à cette pratique.

- 'La dernière trace' -

La pègre fait aussi régner sa loi sur les cimetières de Rawalpindi, Peshawar ou Lahore, selon la presse locale.

Le point de vue sur la mafia varie selon à qui vous parlez. Pour M. Sajid, les familles qui veulent à tout prix enterrer leurs proches auprès de leurs aînés sont prêtes à payer des sommes qui "appâtent le fossoyeur pour le faire succomber à sa cupidité".

Khalil, lui, estime fournir un service indispensable et n'en retirer qu'un maigre revenu.

Si certains s'accommodent de cette pratique, considérant qu'il en va ainsi de la vie dans une telle ville, elle est pour d'autres source d'angoisse.

Le père de Muhammad Abdullah Saif a été enterré au cimetière de Pechs il y a des décennies. Aujourd'hui, la tombe décatie est entourée de sacs de ciment vides et d'éclats de pierre tombale.

La mafia s'en prend généralement aux tombes non entretenues. "Nous devons venir régulièrement, sinon la tombe sera détruite", souligne M Saif.

Muzammil Asif doit marcher sur un terrain tout bosselé, au risque de se faire une entorse, pour atteindre la sépulture de sa jeune soeur, décédée l'été dernier. "Les tombes sont profanées quand on marche dessus", se désespère-t-il.

Au cimetière proche de Korangi, Muhammad Munir a connu la plus cruelle des pertes. Chaque année, il vient dans ce lieu où son père avait été enterré: un amphithéâtre de tombes en ruines, bordé de drapeaux élimés.

Mais la tombe de son père a disparu depuis bien longtemps. Elle a été démolie il y a plus de 20 ans et remplacée par une autre, qui a elle-même disparu pour faire place à une nouvelle.

Certaines années, quand M. Munir se rend sur place, il découvre des tombes récentes, portant des noms inconnus. Maintenant, il ne sait pas très bien où son père repose. "C'est douloureux", dit-il. "Sa tombe était la dernière trace de lui".

W.Tam--ThChM