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Quelques centaines de salariés d'ArcelorMittal se sont rassemblés mardi devant le siège français du groupe à Saint-Denis, en banlieue parisienne, pour la défense de leur emploi et l'avenir de l'acier en France, mettant la pression sur la direction du sidérurgiste qui envisage la suppression de plus de 600 postes et entame des discussions sur les contours de ce plan de restructuration.
"Nationalisation" est le terme qui était sur toutes les lèvres : "les Italiens l'ont fait, les Anglais l'ont fait (...) alors pourquoi nous, Français, on n'est pas capable de le faire ?", s'est interrogé Gaétan Lecocq, de la CGT d'ArcelorMittal Dunkerque, site le plus menacé par le plan de suppressions de postes, devant la presse, après être monté à la tribune où il a défendu une prise de contrôle des hauts fourneaux français par l'Etat.
"Il y a eu l'acier lorrain, il y a eu l'acier du nord, il y aura de l'acier français demain. Mittal, qu'il dégage, qu'il s'en aille, on n'a pas besoin de lui", a-t-il ajouté, ne souhaitant pas "accompagner", mais "dire non" à ce Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue soutenir ses troupes, l'a promis: la situation des salariés d'ArcelorMittal sera "au centre" de son "interpellation du président de la République", avec qui elle est invitée à débattre mardi soir, sur TF1, parmi d'autres personnalités.
"Je lui remettrai les propositions de la CGT pour nationaliser, la liste des 400 plans de licenciements qui aujourd'hui ont lieu partout en France, avec des entreprises qui touchent des aides publiques et qui distribuent des dividendes et je lui dirai qu'il faut qu'il prenne ses responsabilités", a-t-elle clamé devant les salariés de Dunkerque (Nord), de Florange (Moselle), ou Basse-Indre (Loire-Atlantique), trois des sites les plus touchés.
Elle a ensuite entonné, entre deux détonations de pétards, un slogan populaire: "Du métal sans Mittal! Du métal sans Mittal !".
"On est venu manifester notre mécontentement, on ne comprend pas les 600 licenciements", a déclaré Francis Carru, de Dunkerque, devant l'entrée du siège français du sidérurgiste, qui avait des airs de forteresse, avec des dizaines de CRS devant l'entrée. Il craint "pour (son) emploi et les emplois futurs", redoutant "une fermeture de site" pure et simple.
Commission d'enquête
"ArcelorMittal est en train, clairement, d'organiser la délocalisation de la production depuis des années, et là, on est face à une urgence, c'est vraiment une question de semaines", a déclaré la députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, qui a déposé le matin même une proposition de loi de nationalisation d'ArcelorMittal.
A ses côtés, Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances, ainsi que le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel et la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier.
Au coeur du maintien d'une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d'investissement - à hauteur de 1,8 milliard d'euros dont plus de 800 millions d'aide promise par l'Etat - pour décarboner les hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l'acier produit en Europe.
Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, ArcelorMittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application "rapide" du plan européen pour l'acier pour regagner en compétitivité, avant d'annoncer s'il investit ou non.
Lors d'une réunion avec les représentants des salariés et les élus, mardi dernier, le ministre de l'Industrie a aussi fait part de son intention de "demander à la Commission européenne d'avancer pour rétablir les conditions économiques acceptables pour la production d'acier en Europe", selon le ministère.
Mais les investissements massifs dans la décarbonation de l'acier en France sont déjà enterrés, estime Gaëtan Lecocq: "il y avait cinq emplois qui étaient dédiés à la nouvelle ligne haute tension entre la centrale nucléaire de Gravelines et notre usine à Dunkerque"(Nord), pour préparer le raccordement d'un futur four électrique, et "ces cinq emplois sont supprimés" affirme-t-il.
Après la manifestation, une petite délégation de salariés d'ArcelorMittal devaient rejoindre l'Assemblée nationale, notamment pour répondre aux questions d'une commission d'enquête sur les licenciements dans l'industrie, une semaine avant que le patron du sidérurgiste pour la France ne réponde à son tour aux questions des députés.
B.Clarke--ThChM