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Au salon du Bourget, le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius s'est dit optimiste quant à la capacité de l'Europe à assurer sa propre défense "à terme", sans dépendre des Etats-Unis.
En s'inspirant de l'expérience des Ukrainiens à qui il demande des conseils, il a estimé, dans un entretien à l'AFP, que la production en masse de drones, produit vedette du Salon, en Europe n'était pas une solution optimale.
Réponse - En voyant tous les développements de l'industrie, les nouvelles technologies, il est très clair qu'en Europe nous pouvons être fiers.
Cela apporte une certaine forme d'optimisme dans le fait que nous pouvons renforcer nos capacités de défense, nos capacités spatiales. Il y a non seulement des grandes entreprises très bien connues, mais beaucoup de nouvelles start-ups, des petites entreprises avec des idées très innovantes, avec de très grandes ambitions.
R - Nos capacités de défense ont toujours été développées, en gardant à l'esprit que nous avons une présence américaine sur le continent européen.
Mais quand nous parlons de l'avenir à plus long terme, nous devons absolument prendre en compte le fait que les Américains (...) vont accorder de plus en plus d'attention à (la zone) l'Indo-Pacifique en raison de l'augmentation de la puissance militaire chinoise. Cela signifiera qu'ils commenceront à réduire leur présence sur le continent européen.
Mais cela concerne les années à venir, ce n'est pas pour demain.
Nous devons commencer à planifier comment nous devrions construire, en particulier ces équipements stratégiques pour lesquels actuellement nous dépendons beaucoup des services américains (par exemple les avions de combat F-35 ou F-16, NDLR), afin que nous ayons nos propres capacités.
C'est ce sur quoi nous pouvons nous mettre d'accord avec nos partenaires américains, que nous devons avoir un tel plan à long terme.
Pour dissuader la possibilité d'agression, il faut changer la façon de penser et développer les capacités de défenses plus rapidement qu'on ne le faisait en temps de paix.
R - Je ne suis pas sûr qu'une production massive de drones à l'avance soit la meilleure manière de se préparer.
Produire un drone n'est pas un problème, la question est comment apprendre à les utiliser.
Nous pouvons apprendre beaucoup des Ukrainiens qui atteignent 80% des cibles avec des drones. Près de la ligne de front, les drones contrôlent des deux côtés - car les Russes sont aussi bons que les Ukrainiens - une zone de 20 kilomètres où rien ne peut bouger.
Selon les statistiques ukrainiennes, un char y survit six minutes.
Les Ukrainiens sont prêts cette année à produire 4 millions de drones et ils utiliseront ces 4 millions de drones. Cela signifie que les Russes auront une quantité similaire.
Si on fait un parallèle pour mon pays (la Lituanie) qui a 900 kilomètres de zone sensible à la frontière du Bélarus et de la Russie, nous aurions besoin de pouvoir utiliser environ 3 millions de drones.
J'ai demandé aux Ukrainiens: devons nous commencer à produire jusqu'à 3 millions de drones par an, ou devrait-on les acheter à l'avance et les mettre en stock?
Mais le drone que vous avez en ce moment ne sera peut-être plus utilisable dans les prochains mois. Car les Russes apprennent à brouiller.
Ce qui est nécessaire, c'est de construire des équipes capables de développer les systèmes nécessaires et utiliser les drones (...), de moderniser, d'innover. C'est ce que font les Ukrainiens d'une manière très efficace.
P.Deng--ThChM