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L'Iran et des pays européens ont commencé vendredi des discussions à Genève portant principalement sur le programme nucléaire iranien, une semaine après le début de la guerre entre Israël et la République islamique.
L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne vont faire "une offre de négociation complète" à l'Iran incluant "le nucléaire pour aller vers le zéro enrichissement", les activités balistiques et "le financement de tous les groupes terroristes de déstabilisation dans la région", a dit le président français Emmanuel Macron.
Jeudi, le président américain Donald Trump a annoncé qu'il se donnait "deux semaines" pour décider d'une éventuelle intervention militaire américaine aux côtés d'Israël, dont une attaque sans précédent contre l'Iran a déclenché la guerre le 13 juin.
Affirmant que l'Iran était sur le point de se doter de la bombe atomique, Israël a lancé une campagne aérienne massive contre la République islamique, frappant des centaines de sites militaires et nucléaires, et tuant les plus hauts gradés du pays et des scientifiques du nucléaire.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a réaffirmé à CNN que son agence n'avait décelé dans son dernier rapport aucun indice laissant penser que l'Iran fabrique à l'heure actuelle une arme atomique. "L'action militaire, d'où qu'elle vienne, est une décision politique (...)"
- "Trahison" -
Avant sa rencontre avec les Européens, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a dénoncé l'attaque d'Israël comme une "trahison" du processus diplomatique avec les Etats-Unis lancé en avril pour parvenir à un accord sur le nucléaire.
"Nous étions censés rencontrer les Américains le 15 juin pour élaborer un accord très prometteur", a-t-il ajouté.
M. Araghchi a ensuite entamé les discussions avec ses homologues britannique, David Lammy, français Jean-Noël Barrot et allemand Johann Wadephul, ainsi qu'avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Berlin a souligné que la démarche des Européens se faisait en coordination avec les Etats-Unis.
- "Jours difficiles" -
Israël doit se préparer à une "campagne prolongée" contre l'Iran, a déclaré vendredi le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, appelant dans un message vidéo la population à se préparer à "des jours difficiles".
Dans l'après-midi, l'Iran a tiré une nouvelle salve de missiles contre Israël qui a fait 19 blessés selon un hôpital de Haïfa (nord) où au moins un bâtiment a été touché. Une vingtaine de missiles ont été tirés, selon des sources militaires.
Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique d'Iran, ont affirmé dans un communiqué avoir ciblé en Israël des "centres militaires, des industries de défense, des centres de commandement et de contrôle" ainsi que des bases militaires.
Les sirènes d'alerte ont retenti plus tôt dans le sud d'Israël où une attaque iranienne a visé Beersheva, faisant des dégâts.
L'armée israélienne a de son côté annoncé avoir frappé des lanceurs de missiles sol-air dans le sud-ouest de l'Iran, après avoir bombardé des cibles à Téhéran, Ispahan (centre) et dans l'ouest du pays.
Les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts en Iran. En Israël, les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts.
Les Etats-Unis sont les seuls à détenir la bombe GBU-57, susceptible d'atteindre le cœur profondément enfoui du programme nucléaire iranien, dans l'usine d'enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran.
- Manifestations anti-Israël -
A Téhéran, des milliers de personnes sont descendues dans la rue scandant des slogans de soutien à leurs dirigeants et contre Israël et les Etats-Unis. Ils ont brûlé et piétiné des drapeaux israélien et américain.
"Je sacrifierai ma vie pour mon guide", proclamait une banderole, en référence au guide suprême, Ali Khamenei, menacé par Israël et son allié américain.
Des manifestations de soutien à l'Iran ont eu lieu en Irak et au Liban.
- Conséquences "graves" -
Devant le Conseil de sécurité de l'ONU vendredi, M. Grossi a prévenu qu'une éventuelle attaque directe contre la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr (sud), aurait les conséquences les plus "graves", pouvant relâcher de grandes quantités de radiation dans l'environnement.
Il a aussi assuré que l'AIEA pouvait "garantir, par l'intermédiaire d'un système d'inspections incontestables, que des armes nucléaires ne seront pas développées en Iran". "Une solution diplomatique est possible si la volonté politique est là."
Un précédent accord visant à encadrer le programme nucléaire de l'Iran, conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, était devenu caduc en 2018 après le retrait unilatéral des Etats-Unis et le rétablissement des sanctions américaines contre l'Iran, sous le premier mandat de Donald Trump.
En représailles, l'Iran s'est affranchi de certaines obligations, accélérant l'enrichissement d'uranium.
Israël maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique mais détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
B.Chan--ThChM