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Air Liquide continue de voir la transition énergétique comme un "vecteur de croissance" dans le monde, notamment via la production d'hydrogène, mais mise aussi sur les besoins de gaz rares dans les usines de semi-conducteurs pour l'intelligence artificielle.
Le directeur général du groupe français de gaz industriels, François Jackow, s'est félicité mardi de la "robustesse du modèle d'affaires" d'Air Liquide, basé sur des installations d'unités de production de gaz directement chez ses clients, sites pétrochimiques, usines ou hôpitaux dans 60 pays, ce qui lui permet d'échapper aux effets négatifs des guerres commerciales en cours.
M. Jackow a souligné le "nouveau record" de portefeuille de projets du groupe, à 4,6 milliards d'euros, soit 80 projets d'investissement dans le monde.
"Plus de 40% d'entre (eux) concernent la transition énergétique, et environ un tiers sont liés au secteur des semi-conducteurs", selon le groupe.
- "Là pour durer" -
La transition énergétique est un moteur de croissance qui est "bien sûr là pour durer", a insisté M. Jackow devant la presse.
Les seuls investissements dans les électrolyseurs destinés à produire de l'hydrogène bas carbone équivalent à "entre un tiers et 50%" des projets d'investissements de la transition énergétique.
Air Liquide a notamment confirmé début juillet un projet de grande taille aux Pays-Bas pour produire de l'hydrogène en Europe: un électrolyseur d'une capacité de 200 mégawatts à Maasvlakte dans le port de Rotterdam (Elygator). Il a aussi annoncé la création d'une coentreprise à parts égales avec TotalEnergies pour la construction d'un électrolyseur de 250 MW, dont la décision finale d'investissement est encore attendue.
Mais "la transition énergétique, ce n'est pas que l'hydrogène", a modulé le responsable.
Pour le groupe, elle inclut aussi la production d'oxygène bas carbone et des solutions de capture, stockage et gestion du CO2, notamment pour des cimentiers et des fabricants de chaux.
Le plus important projet d'investissement de l'histoire d'Air Liquide aux Etats-Unis, à hauteur de 850 millions de dollars pour produire de l'oxygène pour ExxonMobil, "n'est pas encore absolument confirmé, mais beaucoup de voyants sont au vert", a précisé M. Jackow. La loi budgétaire récente de Donald Trump "se révèle très favorable à ces projets", a-t-il souligné.
Après le coup de froid en Europe sur les projets hydrogène liés à la mobilité et aux transports, le responsable a relevé la "dynamique" perçue en Asie sur ces sujets, en Corée notamment, et en Chine "où se développe tout un écosystème avec péages gratuits pour les bus et camions à hydrogène".
"Il y a plus de véhicules lourds à hydrogène en Chine que partout ailleurs dans le monde", a-t-il dit à l'adresse de ceux qui "détournent leur regard" du sujet.
- "Nouvelle frontière" -
Mais le groupe lorgne aussi sur un autre vecteur de croissance: les gaz rares destinés aux salles blanches des producteurs de semi-conducteurs et aux usines de puces mémoires, matière première indispensable de l'émergence de l'intelligence artificielle (IA).
Au premier semestre, les principaux démarrages d'activité du groupe ont notamment porté sur sept unités de production de gaz pour l'industrie électronique en Asie ainsi qu'une unité de production de molybdène en Corée du Sud.
"Le mobyldène, c'est la prochaine révolution dans les semi-conducteurs, une molécule qui va permettre de remplacer le tungstène dans les puces", a salué M. Jackow.
Pour l'année, le groupe a confirmé ses objectifs financiers, après une hausse de 7,2% de son bénéfice net à 1,8 milliard d'euros et de 2,6% de son chiffre d'affaires à 13,72 milliards d'euros au premier semestre.
Il a confirmé prévoir d'"augmenter de nouveau sa marge opérationnelle" hors effet énergie, "une croissance du résultat net hors opérations exceptionnelles et significatives" et une "progression de 200 points de base (2 points de pourcentage, NDLR) de sa marge opérationnelle" d'ici à fin 2026.
Le titre Air Liquide a fini en hausse de 1,69% à 175,32 euros mardi à la Bourse de Paris.
H.Au--ThChM