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Emmanuel Macron "envisage de nommer" l'actuel président du directoire du distributeur d'électricité RTE, Xavier Piechaczyk, "en qualité de président-directeur général de la RATP", a fait savoir l'Elysée jeudi par communiqué.
Ancien conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, cet ingénieur des Ponts, eaux et forêts âgé de 56 ans pourrait ainsi succéder à Jean Castex, parti diriger la SNCF début novembre.
La nomination de M. Piechaczyk doit encore être approuvée par l'Assemblée nationale et le Sénat, qui devraient l'entendre lors d'auditions séparées d'ici deux semaines. Ces auditions, qui se tiennent en général "un mercredi", peuvent intervenir "le même jour", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Formellement, les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquièmes de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.
Si le nom de M. Piechaczyk est adoubé par les parlementaires, il sera nommé comme administrateur par le conseil d'administration de la Régie autonome des transports parisiens. Dans la foulée, celui-ci sera nommé comme PDG de l'entreprise par un décret signé du président de la République.
Le nouveau PDG pourrait entrer en fonction "fin janvier, ou tout début février", selon la source proche du dossier.
Même s'il avait été renouvelé à son poste de président du directoire de RTE en juin dernier, le nom de M. Piechaczyk faisait figure de favori de l'Elysée pour la RATP depuis des semaines. Il a bien connu Emmanuel Macron et travaillé à ses côtés alors qu'il était conseiller auprès de François Hollande (2014-15) et que le président de la République était secrétaire général adjoint de l'Elysée.
- "basculement" -
Le changement de direction intervient à un moment clé de l'histoire de la Régie autonome des transports parisiens, fondée en 1948.
Celle-ci, gestionnaire d'un des plus anciens réseaux de métro du monde, doit en effet moderniser ses infrastructures, ce qui nécessite notamment l'introduction de nouvelles rames de métro sur huit lignes différentes, occasionnant beaucoup de travaux dans les dix ans à venir.
Mais l'enjeu du moment pour la RATP, qui a bénéficié jusqu'à présent d'un monopole historique sur l'ensemble de ses activités, est bien celui de l'arrivée de la concurrence.
Après le réseau de bus, dont elle a conservé l'exploitation de 70% des lignes, la RATP va voir le réseau de tramway ouvert à la concurrence d'ici 2030, puis celui du métro en 2040.
Jeudi soir, la CFE-CGC, quatrième syndicat du groupe RATP a souligné dans un communiqué le besoin pour M. Piechaczyk de "préserver l'avenir" de l'établissement public qui chapeaute toutes les activités de l'entreprise et de "redonner de la visibilité à l'ensemble de ses filiales" et surtout "de garantir une stratégie sociale ambitieuse et collégiale".
"L'ouverture à la concurrence bouleverse en profondeur l'organisation du groupe RATP", souligne le syndicat: "Alors que les filiales représentaient 27% du chiffre d'affaires en 2024, elles dépasseront 50% dès 2027".
Un "basculement rapide" qui "met en risque l'équilibre économique du groupe", estime le syndicat.
Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, et s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, et maintenant en métropole.
Si elle a perdu quelques plumes sur les bus parisiens, la RATP a en effet été retenue lundi par la région Normandie pour exploiter son réseau de trains régionaux autour de Caen, ce qui a éliminé de fait la SNCF.
Le lot remporté comporte les lignes reliant Caen à Evreux, Saint-Lô, Rouen, Cherbourg, Rennes, Lisieux, Deauville et Coutance.
A l'international, la RATP gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents. Jeudi, sa filiale RATP Dev a été sélectionnée avec Alstom pour construire une ligne de trains de banlieue à Melbourne en Australie.
V.Fan--ThChM