The China Mail - A Vittel, la gestion de l'eau trouble

USD -
AED 3.6725
AFN 66.272138
ALL 83.49892
AMD 382.462203
ANG 1.789982
AOA 917.000142
ARS 1405.846866
AUD 1.540453
AWG 1.805
AZN 1.731461
BAM 1.689676
BBD 2.011145
BDT 121.87473
BGN 1.689676
BHD 0.373737
BIF 2940.647948
BMD 1
BND 1.300389
BOB 6.909719
BRL 5.332397
BSD 0.998531
BTN 88.502808
BWP 13.406479
BYN 3.40311
BYR 19600
BZD 2.008207
CAD 1.40548
CDF 2149.999523
CHF 0.805099
CLF 0.024015
CLP 942.090713
CNY 7.11935
CNH 7.12642
COP 3780.302376
CRC 501.339093
CUC 1
CUP 26.5
CVE 95.261339
CZK 21.042005
DJF 177.814255
DKK 6.45971
DOP 64.155508
DZD 129.316631
EGP 46.977086
ERN 15
ETB 154.143499
EUR 0.864899
FJD 2.28425
FKP 0.760233
GBP 0.76438
GEL 2.705031
GGP 0.760233
GHS 10.919222
GIP 0.760233
GMD 73.000117
GNF 8667.818575
GTQ 7.651836
GYD 208.907127
HKD 7.77701
HNL 26.25486
HRK 6.514103
HTG 132.907127
HUF 332.749501
IDR 16685.5
ILS 3.26205
IMP 0.760233
INR 88.665498
IQD 1308.077754
IRR 42099.999831
ISK 126.580387
JEP 0.760233
JMD 160.267819
JOD 0.708985
JPY 153.830583
KES 129.209503
KGS 87.449752
KHR 4019.006479
KMF 421.000259
KPW 900.018268
KRW 1455.999746
KWD 0.306898
KYD 0.832138
KZT 524.198704
LAK 21680.345572
LBP 89418.488121
LKR 304.354212
LRD 182.332613
LSL 17.296674
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.452268
MAD 9.256069
MDL 17.024622
MGA 4488.12095
MKD 53.153348
MMK 2099.87471
MNT 3580.787673
MOP 7.998963
MRU 39.553348
MUR 45.910255
MVR 15.405011
MWK 1731.490281
MXN 18.451957
MYR 4.17602
MZN 63.949932
NAD 17.296674
NGN 1435.999884
NIO 36.742981
NOK 10.168435
NPR 141.60432
NZD 1.778081
OMR 0.38114
PAB 0.998618
PEN 3.369762
PGK 4.215983
PHP 58.8055
PKR 282.349719
PLN 3.666883
PYG 7065.226782
QAR 3.639309
RON 4.398801
RSD 101.226782
RUB 81.02032
RWF 1450.885529
SAR 3.750397
SBD 8.230592
SCR 13.701253
SDG 600.497235
SEK 9.539425
SGD 1.301685
SHP 0.750259
SLE 23.204398
SLL 20969.499529
SOS 570.62635
SRD 38.598973
STD 20697.981008
STN 21.166307
SVC 8.736933
SYP 11056.858374
SZL 17.302808
THB 32.395028
TJS 9.216415
TMT 3.51
TND 2.95162
TOP 2.342104
TRY 42.23125
TTD 6.768898
TWD 30.981803
TZS 2456.414687
UAH 41.870929
UGX 3494.600432
UYU 39.766739
UZS 12042.332613
VES 228.194028
VND 26310
VUV 122.303025
WST 2.820887
XAF 566.701512
XAG 0.020684
XAU 0.00025
XCD 2.70255
XCG 1.799568
XDR 0.704795
XOF 566.701512
XPF 103.032397
YER 238.498529
ZAR 17.31875
ZMK 9001.25954
ZMW 22.591793
ZWL 321.999592
  • AEX

    -10.2800

    950.77

    -1.07%

  • BEL20

    -11.8200

    4914.46

    -0.24%

  • PX1

    -14.3400

    7950.18

    -0.18%

  • ISEQ

    -113.9900

    12012.45

    -0.94%

  • OSEBX

    -4.4900

    1599.21

    -0.28%

  • PSI20

    -190.1600

    8186.96

    -2.27%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -30.3400

    4069.97

    -0.74%

  • N150

    -19.2800

    3618.83

    -0.53%

A Vittel, la gestion de l'eau trouble
A Vittel, la gestion de l'eau trouble / Photo: © AFP/Archives

A Vittel, la gestion de l'eau trouble

C'est un territoire qui a basé sa réputation et son activité économique sur la qualité des eaux de son sous-sol, mais après des décennies d'exploitation sans limite de la nappe phréatique, à Vittel (Vosges), l'heure est venue de rationner les prélèvements.

Taille du texte:

A 150 mètres sous terre, la nappe phréatique des grès du Trias inférieur (nappe GTI) est une bénédiction: une eau de très bonne qualité, abondante, prélevée aussi bien pour l'alimentation en eau potable que pour l'agriculture et les entreprises locales, dont la fromagerie l'Ermitage et son célèbre Munster, ou Nestlé Waters et ses bouteilles Vittel Bonne Source, exportées à l'étranger.

Mais depuis les années 1970, le constat est connu: les prélèvements sont excessifs, ils dépassent allègrement les trois millions de mètres cubes annuels, pour une capacité de recharge naturelle de 2,1 millions de mètres cubes. Chaque année, la nappe perd plus d'un million de mètres cubes, soit plus d'un milliards de litres, et son niveau baisse dangereusement.

Une directive européenne entrée en vigueur en 2000 imposait un retour à un "bon état quantitatif" des masses d'eau dès 2015 mais dans les Vosges, les choses ne sont pas aussi simples. Comment réduire les prélèvements sans mettre à mal l'activité de tout un territoire ?

La question est posée depuis 2010, et la mise en place d'une commission locale de l'eau (CLE), censée élaborer une politique de gestion de l'eau, appelée, dans le jargon administratif Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage).

- Pas de contraintes aux entreprises -

Ses travaux ont pris du temps. Dès le départ, la commission a fait le choix de ne pas contraindre les entreprises locales, pour préserver l'activité économique dans un département vieillissant.

"Le comité technique n'a pas souhaité considérer d'économie d'eau pour les industriels", s'étonnait ainsi le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un rapport publié en 2014, alors que la loi française donne la priorité au prélèvement pour l'alimentation en eau potable.

"Il n'y a pas de raison objective qui justifie que les efforts ne soient pas supportés par l'ensemble des usagers prélevant dans la nappe", soulignait le rapport.

Au fil des années, la commission a d'abord envisagé un projet d'aqueduc, pour faire venir d'un autre territoire une eau de moins bonne qualité. Face à la contestation populaire, le projet a finalement été abandonné.

Finalement, après 13 ans de travail, la commission a élaboré sa politique. Pour diminuer les prélèvements, elle demande aux collectivités de réduire les fuites sur les réseaux d'eau potable (22% de fuite, dans la moyenne nationale), et aux habitants ou aux hôtels de diminuer leur consommation.

Rien n'est imposé aux industriels. Mais, conscients de l'enjeu et de leur responsabilité, ils ont eux-même engagé des politiques de réduction des prélèvements.

Nestlé Waters a ainsi réclamé à la préfecture de diminuer d'un million à 500.000 m3 son autorisation de prélèvement, qui devrait encore être ramenée dans les prochains mois, à sa demande, à 200.000 m3, aidée en cela par sa stratégie de désengagement d'un certain nombre de marchés étrangers. Elle s'est déjà retirée d'Allemagne et d'Autriche.

Dans de moindres proportions, la fromagerie l'Ermitage, qui pompait 480.000 m3 par an dans la nappe, a mis en place un programme d'investissements pour économiser 30.000 m3.

Mais pas sûr que ce soit suffisant pour reconstituer la nappe phréatique des GTI...

- Transférer les prélèvements -

Alors la commission a complété sa stratégie et développé "une approche multi-nappes": pour préserver la nappe des GTI, rien de tel que de transférer les prélèvements dans une autre nappe, moins profonde !

La nappe du Muschelkalk, exploitable pour l'alimentation en eau potable, fait partie de la solution envisagée. Elle est d'ailleurs déjà prélevée pour approvisionner certaines communes, ou des entreprises: Nestlé y puise depuis des décennies pour sa marque Vittel Grande Source, ses bouteilles à bouchon rouge commercialisées sur le marché français. En 2021, les prélèvements pour l'embouteillage s'élevaient à près de 900.000 m3.

La CLE envisage d'y ajouter un prélèvement de 300.000 m3 pour l'alimentation de la commune de Vittel, auparavant pompés dans la nappe des GTI.

Mais cette issue est problématique aux yeux de certains. L'Autorité environnementale (AE), instance ministérielle chargée d'évaluer les projets ayant un impact sur l'environnement, regrette ainsi que le Sage n'offre aucune "analyse du fonctionnement hydraulique général" du territoire, notamment des "interconnexions entres nappes", ou des liens entres les nappes et les ruisseaux en surface.

En clair, elle s'interroge sur la pertinence de la solution préconisée: si les nappes communiquent entre elles, augmenter les prélèvements dans l'une ne permettra pas de régénérer l'autre. Et pomper davantage d'eau dans les nappes peu profondes pourrait également avoir des effets sur les zones humides et leur biodiversité.

- Autorisation pour 10 ans -

Sur ces aspects, la CLE a répondu en annonçant la création d'un "observatoire hydrogéologique", chargé d'établir les relations entre les nappes phréatiques, et les effets des prélèvements sur les cours d'eau et les zones humides. Annoncée pour "début 2023", la création de cet observatoire n'est pas encore concrétisée.

Mais d'autres préconisations ne seront pas suivies d'effet. En 2021, l'Autorité environnementale avait ainsi recommandé au préfet des Vosges de renouveler les autorisations de prélèvement de Nestlé dans la nappe supérieure seulement pour une courte durée, afin de se laisser la possibilité de réviser ces autorisations en fonction des connaissances futures des interactions entre nappes et de l'effet des prélèvements.

Le préfet n'a pas tenu compte de ces précautions: en octobre 2022, il a accordé à la multinationale un renouvellement de ses autorisation de prélèvements pour 10 ans, à hauteur de 1,7 million de m3 annuels.

C'est à lui qu'il revient désormais d'approuver ou non le nouveau schéma général de gestion des eaux, pour améliorer l'état quantitatif de la nappe GTI. Mais sans connaissance des effets qu'aura cette politique sur le fonctionnement hydraulique général du territoire et sur les zones humides.

R.Yeung--ThChM