The China Mail - Bad Arolsen, les archives des destins perdus dans les camps nazis

USD -
AED 3.672499
AFN 68.683677
ALL 83.476424
AMD 383.330901
ANG 1.789783
AOA 917.000306
ARS 1359.035201
AUD 1.542662
AWG 1.8
AZN 1.697058
BAM 1.679101
BBD 2.021515
BDT 122.167944
BGN 1.682305
BHD 0.377029
BIF 2993.148803
BMD 1
BND 1.28842
BOB 6.948892
BRL 5.41392
BSD 1.003469
BTN 87.826236
BWP 13.428402
BYN 3.392229
BYR 19600
BZD 2.013101
CAD 1.38527
CDF 2867.999768
CHF 0.806605
CLF 0.024538
CLP 962.629793
CNY 7.151499
CNH 7.162405
COP 4025.75
CRC 505.254301
CUC 1
CUP 26.5
CVE 94.665133
CZK 21.116399
DJF 178.687638
DKK 6.41982
DOP 62.407706
DZD 129.958725
EGP 48.559985
ERN 15
ETB 142.748229
EUR 0.860097
FJD 2.26665
FKP 0.74134
GBP 0.742565
GEL 2.694994
GGP 0.74134
GHS 11.087836
GIP 0.74134
GMD 71.499098
GNF 8699.646279
GTQ 7.694091
GYD 209.934838
HKD 7.801095
HNL 26.286328
HRK 6.483696
HTG 131.303071
HUF 341.780497
IDR 16312
ILS 3.380265
IMP 0.74134
INR 87.705098
IQD 1314.657578
IRR 42062.492388
ISK 123.329997
JEP 0.74134
JMD 160.711219
JOD 0.70904
JPY 147.587964
KES 129.249947
KGS 87.370599
KHR 4024.039493
KMF 417.000207
KPW 899.980721
KRW 1397.085013
KWD 0.30566
KYD 0.836209
KZT 537.243085
LAK 21760.332423
LBP 90331.991174
LKR 303.064124
LRD 201.184753
LSL 17.6059
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.444852
MAD 9.036994
MDL 16.777705
MGA 4408.595688
MKD 52.833558
MMK 2099.202559
MNT 3597.80022
MOP 8.07373
MRU 39.827089
MUR 45.96978
MVR 15.399323
MWK 1740.01511
MXN 18.66086
MYR 4.218971
MZN 63.950249
NAD 17.6059
NGN 1534.009847
NIO 36.926062
NOK 10.17605
NPR 140.527407
NZD 1.71117
OMR 0.384502
PAB 1.003434
PEN 3.512135
PGK 4.242934
PHP 57.0065
PKR 284.675515
PLN 3.668451
PYG 7272.680443
QAR 3.647267
RON 4.347699
RSD 100.774967
RUB 80.449343
RWF 1453.003194
SAR 3.752152
SBD 8.217066
SCR 14.782029
SDG 600.497256
SEK 9.598889
SGD 1.285945
SHP 0.785843
SLE 23.302481
SLL 20969.49797
SOS 573.508706
SRD 38.22981
STD 20697.981008
STN 21.034376
SVC 8.780199
SYP 13002.330428
SZL 17.600041
THB 32.462002
TJS 9.592634
TMT 3.51
TND 2.925678
TOP 2.3421
TRY 41.028798
TTD 6.818455
TWD 30.542016
TZS 2495.000016
UAH 41.624698
UGX 3574.893328
UYU 40.213085
UZS 12399.660025
VES 139.25164
VND 26357.5
VUV 119.048289
WST 2.67662
XAF 563.169237
XAG 0.02587
XAU 0.000296
XCD 2.70255
XCG 1.808395
XDR 0.700396
XOF 563.164402
XPF 102.387555
YER 240.175004
ZAR 17.640275
ZMK 9001.202165
ZMW 23.374572
ZWL 321.999592
  • AEX

    -3.6400

    907.43

    -0.4%

  • BEL20

    -21.3900

    4839.78

    -0.44%

  • PX1

    -126.2700

    7716.88

    -1.61%

  • ISEQ

    -87.6900

    11603.9

    -0.75%

  • OSEBX

    -5.4800

    1656.43

    -0.33%

  • PSI20

    -6.3300

    7911.02

    -0.08%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    90.4100

    3296.61

    +2.82%

  • N150

    -45.7400

    3734.18

    -1.21%

Bad Arolsen, les archives des destins perdus dans les camps nazis
Bad Arolsen, les archives des destins perdus dans les camps nazis / Photo: © AFP/Archives

Bad Arolsen, les archives des destins perdus dans les camps nazis

L'Américaine Sula et l'Allemande Helen ignoraient tout de l'existence l'une de l'autre. Jusqu'à ce qu'à 60 ans passés elles découvrent qu'elles sont demi-sœurs, filles d'un même père, survivant des camps d'extermination nazis émigré aux Etats-Unis.

Taille du texte:

Sula Miller "nous avait contactés car elle recherchait des informations sur son père", Mendel Müller, Juif né dans l'empire austro-hongrois rescapé des camps d'Auschwitz-Birkenau (en Pologne occupée) et de Buchenwald (en Allemagne), raconte la directrice des Archives de Bad Arolsen, Floriane Azoulay.

Un dossier conservé des décennies dans l'institution et un travail d'enquête méthodique pour remonter le fil permettront de révéler l'histoire de son père et l'existence de sa demi-sœur Helen Schaller. "Grâce à nous, les deux femmes ont fait connaissance."

Des personnes de tous pays découvrent encore, 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le destin de leur famille détenue dans les camps de la mort du régime national-socialiste.

Un seul endroit au monde a gardé la trace des millions de personnes déportées et exterminées par les nazis : les archives de Bad Arolsen, petite ville du centre de l'Allemagne, où sur des kilomètres d'étagères sont conservés objets et documents.

Comme cette lettre de 1951 qui révèle que Mendel Müller est recherché par son épouse, rencontrée après-guerre en Allemagne et mère de sa fille Helen née en 1947. Son visa obtenu, celui-ci a émigré seul aux Etats-Unis. Il y refera sa vie avec une Autrichienne qui donnera naissance à Sula en 1960.

Quatre ans après les premières démarches, les enquêteurs de Bad Arolsen ont retrouvé Helen, les deux femmes se sont rencontrées l'année dernière. "Leur ressemblance physique sautait aux yeux, elles avaient chacune une vision différente de leur père, traumatisé par la déportation. Leur réunion les a aidées à faire la paix avec leur passé", dit Mme Azoulay.

- Montres, bagues, portefeuilles -

Avec 30 millions de documents sur près de 17,5 millions de personnes, conservés dans des casiers ou des boîtes, les "Arolsen Archives" disposent du plus important fonds sur les victimes du national-socialisme, désormais numérisé à 90%.

Rien qu'en provenance des camps de Dachau et Neuengamme (près de Hambourg) "nous avons encore 2.000 enveloppes contenant notamment des montres, des bagues, des portefeuilles avec des photos", énumère la directrice française de l'institution.

Créées sous l'impulsion des Alliés début 1946, ces archives, initialement baptisées International Tracing Service, avaient pour vocation de retrouver les disparus victimes des nazis - Juifs, Roms, homosexuels, opposants politiques, enfants de type aryen enlevés pour le programme Lebensborn - et de réunir les membres de famille dispersés.

Située au centre des quatre zones d'occupation de l'Allemagne (française, américaine, britannique et soviétique), Bad Arolsen, épargnée par les bombardements et au réseau téléphonique intact, était considérée comme le lieu idéal.

Plusieurs centaines de personnes, militaires alliés, civils, survivants participent alors aux recherches.

Au fil des années, les déplacés quittent pour la plupart l'Allemagne, remplacés dans les années 1950 par des Allemands... dont certains avaient appartenu aux SS et au parti nazi.

Près de 80 ans plus tard, l'organisation pensée pour l'immédiat après-guerre est toujours là, financée par le ministère allemand des Affaires étrangères.

Environ 200 salariés, assistés d'une cinquantaine de volontaires à travers le monde, y recherchent toujours activement les descendants des victimes dont sont conservés les effets personnels.

Malgré les années qui passent et les témoins qui disparaissent, les archives restent incroyablement sollicitées: "Environ 20.000 personnes par an", du monde entier, indique Mme Azoulay. Souvent la deuxième ou troisième génération.

C'est le cas de l'Allemand Abraham Ben, né de parents juifs polonais dans un camp de déplacés à Bamberg, dans le sud de l'Allemagne.

- "Retrouver des cousins" -

A bientôt 80 ans, il espère encore faire la lumière sur le destin de sa famille paternelle que son père n'a plus revue après sa fuite du ghetto de Varsovie. "La probabilité qu'ils aient péri dans les camps est grande", dit-il.

Rescapé de l'Holocauste, son père "n'en parlait jamais et, dit-il, nous ne lui avons jamais rien demandé. Nous sentions que cela lui faisait mal".

Dans le centre de réfugiés juifs où Abraham Ben est né, presque personne n'avait de grands-parents car les personnes âgées avaient été les premières à disparaitre dans les camps.

"A l'âge de dix ans, j'ai pris conscience que les autres enfants avaient des grands-parents car j'ai été scolarisé à l'école allemande et mes camarades de classe décrivaient au maître les cadeaux qu'ils leur avaient offert à Noël", se souvient ce retraité jovial.

Abraham Ben voudrait retrouver "des cousins qui auraient survécu" parmi les enfants des cinq frères et sœurs de son père.

C'est avec cet espoir qu'il a demandé l'aide des archivistes de Bad Arolsen, où l'AFP l'a rencontré.

Le fonds s'est constitué sur la base des documents de l'administration nazie: mandats d'arrêts de la Gestapo, listes de transport, registres des camps... Tous établis avec un souci du détail qui peut surprendre au regard du peu de chances de survie des personnes arrêtées.

Sur les cartes d'entrée des détenus du camp de concentration de Buchenwald étaient ainsi notés la taille, la couleur des yeux et des cheveux, la forme du visage, du nez, de la bouche, s'ils sont mariés ou pas, s'ils ont des enfants, la langue parlée, leur religion, leur nom, date de naissance, numéro de déporté.

- Alphabet phonétique -

Dès la création des archives, les noms des victimes ont été classés selon un alphabet phonétique destiné à faciliter les recherches. Car le même nom peut s'écrire différemment selon le pays d'origine, sans compter les fautes au moment de l'enregistrement.

"Il y a par exemple plus de 800 façons d'écrire +Abrahamovicz+", explique l'Allemande Nicole Dominicus, responsable de l'administration des archives.

Les Archives Arolsen se sont ensuite enrichies des dossiers établis par les Alliés quand ils ont recueilli les victimes, ainsi que de la correspondance entre la Croix-Rouge et l'administration nazie.

Dans chaque dossier de victime sont également conservés tous les échanges écrits à son sujet: on peut ainsi lire la lettre d'une mère rescapée du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau adressée en 1948 au Service international de recherches pour retrouver sa fille dont elle avait été séparée dans le camp.

Des bénévoles dans chaque pays, telle Manuela Golc en Pologne, se transforment en détectives généalogistes, fouillant les registres, contactant les mairies, les cimetières pour retrouver les traces des descendants.

Récemment, Mme Golc a remis les boucles d'oreille et la montre d'une Polonaise déportée en 1944 après l'insurrection de Varsovie à sa fille de 93 ans. "Elle m'a dit que c'était le plus beau jour de sa vie", raconte-t-elle les larmes aux yeux.

L'Allemand Achim Werner, 58 ans, a été contacté par les archives de Bad Arolsen pour lui remettre l'alliance de son grand-père qui lui avait été retirée à son arrivée au camp de concentration de Dachau. "Cela a été un choc", raconte-t-il à l'AFP au moment où on lui remet l'anneau.

Plusieurs fois, il avait visité Dachau "avec l'école, puis en tant que syndicaliste" sans savoir que son grand-père y avait été détenu. "Nous savions qu'il avait été emprisonné en 1940 mais après rien." Sa mère et sa grand-mère n'ont plus eu de contact avec lui après-guerre.

Les fichiers de Bad Arolsen n'ont pas levé tous les mystères sur l'histoire de Wilhelm Hochrein dont le petit-fils ignore les raisons précises de l'emprisonnement. Mais il compte préserver sa mémoire.

Il a remis son alliance à sa fille. "Elle la portera en pendentif et la transmettra ensuite à ses enfants."

E.Choi--ThChM