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Avec son cortège de stars, à commencer par Robert De Niro, Leonardo DiCaprio et Juliette Binoche, le Festival de Cannes s'ouvre mardi dans un monde déchiré par les conflits, de l'Ukraine à Gaza, et sur lequel plane l'ombre de la présidence Trump.
A 19H15 (17H15 GMT), la cérémonie d'ouverture sera marquée par la remise d'une Palme d'or d'honneur à la star de "Taxi Driver", âgée de 81 ans. C'est Leonardo DiCaprio, complice de De Niro à l'écran dans le dernier film de Martin Scorsese, "Killers of the Flower Moon", qui lui remettra cette distinction.
Après la traditionnelle montée des marches, guettée par des centaines de badauds juchés sur des escabots, la cérémonie verra aussi l'artiste Mylène Farmer interpréter un morceau avant la projection du film d'ouverture, "Partir un jour", comédie musicale française avec la chanteuse Juliette Armanet.
A l'intérieur du Palais des Festivals, le discours de Robert De Niro, opposant déclaré de Donald Trump, sera guetté avec attention par un monde du cinéma inquiet notamment des menaces du président américain de taxer les films tournés à l'étranger.
"On peut voir qu'il lutte et qu'il essaye de plusieurs façons de sauver l'Amérique et de sauver sa peau", a déclaré Juliette Binoche, présidente du jury cannois, lors d'une conférence de presse.
A ses côtés, l'acteur américain Jeremy Strong a, lui, fait du mentor de Donald Trump, l'avocat Roy Cohn qu'il incarnait dans le film "The Apprentice" en 2024, "le géniteur des +fake news+ et des faits alternatifs". "Le rôle des films est de plus en plus crucial pour combattre ces forces", a ajouté la star de la série "Succession".
- Tribune pour Gaza -
L'écho du monde s'est aussi infiltré sur la Croisette avec la publication mardi matin dans le journal français Libération d'une tribune signée par près de 400 stars du cinéma appelant à briser "le silence" du monde de la culture sur la guerre à Gaza.
"Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza", écrivent les signataires dont le réalisateur espagnol Pedro Almodovar ou les acteurs américains Susan Sarandon et Richard Gere.
Juliette Binoche faisait initialement partie de la liste des signataires mais son nom n'y figure finalement pas.
Interrogée sur ce point lors de la conférence de presse, la star française est restée évasive. "Vous le comprendrez peut-être un peu plus tard", a-t-elle simplement déclaré devant les journalistes, laissant ensuite planer un long silence.
Le chaos du monde a également résonné sur la Croisette avec la projection de mardi de trois documentaires sur l'Ukraine, dont "Notre Guerre" de l'intellectuel français Bernard-Henri Lévy.
- Depardieu condamné -
Hasard du calendrier, l'ouverture du plus grand festival de cinéma du monde coïncide avec une étape majeure du mouvement Metoo en France : la condamnation de l'ancienne star Gérard Depardieu à 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles lors d'un tournage.
"Quand on est désacralisé comme il l'est en ce moment, ça veut dire que ça fait réfléchir sur le pouvoir de certaines personnes qui prennent le pouvoir. Et je pense que le pouvoir est ailleurs", a commenté Juliette Binoche, récusant l'étiquette de "monstre sacré" souvent accolée à l'acteur.
"Une star de cinéma, c'est un homme", a ajouté la comédienne, estimant que le sacré "ne nous appartient pas". "Le sacré, il est au moment où il se passe quelque chose quand on crée, quand on joue, quand on met en scène".
Dans un registre plus léger, l'actrice américaine Halle Berry, autre membre du jury cannois, a indiqué avoir dû "changer" de robe pour la cérémonie d'ouverture, en raison de nouvelles règles vestimentaires qui font jaser sur la Croisette. "J'avais une robe incroyable (...) à porter ce soir mais je ne peux pas car la traîne est trop longue", a-t-elle dit.
Juliette Binoche et les huit autres membres du jury devront notamment attribuer, le 24 mai, la Palme d'or à l'un des 22 films en compétition.
B.Carter--ThChM