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Soixante-dix-sept ans après la "Nakba", l'exode massif lié à la création d'Israël, les Palestiniens dénoncent de nouvelles tentatives de les chasser de leurs terres, Israël affichant sa volonté de conquérir Gaza et menant des opérations militaires en Cisjordanie qui ont vidé des camps de réfugiés.
A Ramallah, en Cisjordanie occupée, des drapeaux du souvenir noirs et des drapeaux palestiniens flottaient aux carrefours au début de cette semaine de commémorations. Par contraste, rien d'officiel n'était prévu dans la bande de Gaza ravagée par plus de 19 mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas.
Cette année marque le 77e anniversaire de la "Nakba", "catastrophe" en arabe, la période au cours de laquelle, environ 760.000 Arabes de Palestine ont fui ou ont été chassés de chez eux à l'occasion de la création de l'Etat d'Israël.
"C'est devenu une réalité quotidienne que nous vivons à Gaza", explique cette Palestinienne, déjà veuve à 36 ans.
Depuis plus d'un an et demi, elle dit vivre sans "sécurité", et se déplace de tente en tente avec ses enfants.
Comme la majeure partie des 2,4 millions d'habitants, sa famille a été déplacée par les bombardements dévastateurs de l'armée israélienne.
Le spectre d'un départ définitif plane depuis que le président américain Donald Trump a lancé l'idée de vider Gaza d'une partie de sa population pour en faire "la Riviera du Moyen-Orient", une idée partiellement reprise par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
"La Nakba ne se résume pas à un déplacement", reprend Malak Radwan. "La Nakba, c'est voir son fils s'affaiblir et maigrir sous vos yeux sans rien pouvoir faire".
- "Devoir" -
"Chaque jour, nous devons parler de notre pays, raconter ce que nos ancêtres ont fait, ce qui leur est arrivé exactement. C'est un devoir, car si nous oublions la cause, elle disparaîtra", affirme quant à elle Lina Abou Kouweik, qui participe aux commémorations à Ramallah.
Dans cette ville où siège l'Autorité palestinienne et dans le reste de la Cisjordanie, plusieurs personnes interrogées par l'AFP ont confié leurs angoisses face à l'avenir.
Tout en poursuivant la guerre à Gaza, l'armée israélienne a lancé une opération dans ce territoire, en particulier dans le nord, autour de camps de réfugiés où vivent des personnes déplacées en 1948 et leurs descendants.
Selon l'ONU, cette campagne a provoqué le déplacement d'au moins 38.000 personnes en raison des ordres d'évacuation, de la violence et des démolitions.
Israël affirme vouloir éradiquer les groupes armés palestiniens de ces zones, certaines étant considérées comme des bastions de la lutte armée palestinienne.
"Nous vivons encore chaque jour une nouvelle Nakba, à travers les attaques israéliennes contre les camps", résume Nail Nakleh, un autre manifestant, lui-même descendant de réfugiés.
Dans les cortèges, les conversations tournent autour des mêmes sujets d'inquiétude: le projet d'annexion de la Cisjordanie défendu par des personnalités politiques israéliennes, l'annonce par le gouvernement israélien d'une opération de "conquête" de Gaza, ou encore l'interdiction par Israël de l'agence onusienne dédiée aux réfugiés palestinien (Unrwa).
- "Retour" -
A Tel-Aviv, d'autres manifestants se sont réunis, malgré les condamnations de membres du gouvernement à l'égard des commémorations en Israël.
"Le génocide que commet actuellement Israël à Gaza est quelque chose que nous ne pouvons plus tolérer, nous ne pouvons plus rester silencieux", explique Naji Elali Abou Shehadeh, un étudiant en sociologie d'origine palestinienne.
Après 1948, les Palestiniens qui sont restés dans ce qui est devenu Israël sont devenus des citoyens "arabes israéliens", selon l'appellation en usage, même si beaucoup se définissent comme palestiniens.
Remerciant les participants juifs s'associant à la manifestation, l'une des organisatrices, Solafa Makhoul, a dit avoir rassemblé "plus d'une centaine de personnes".
Sur les drapeaux ou les photos, la "clé du retour" occupe une position centrale dans toutes les commémorations: elle symbolise les clés des logements abandonnés en 1948 et évoque pour les Palestiniens le droit de revenir dans ces lieux qui se trouvent aujourd'hui en Israël.
H.Ng--ThChM