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Il est un peu après 19h mercredi quand Edi Rama arrive sur la place centrale de Tirana, casquette sur la tête, pour célébrer une victoire "historique" et lancer un 4e mandat qui sera celui, promet-il, de l'entrée de l'Albanie dans l'UE.
Sa formation, le parti socialiste, a recueilli plus de 52% des voix, aux élections législatives de dimanche, selon les résultats officiels publiés mardi à minuit.
La victoire la plus large jamais remportée par Edi Rama. Alors il savoure, au milieu de quelques centaines de partisans, sono à fond et dizaines de drapeaux albanais et européens, cette "chance de changer l'avenir".
Les applaudissements rythment le discours du Premier ministre, se faisant un peu plus forts quand il parle de l'Europe ou évoque sa famille.
"Entre la lumière des étoiles de l'Europe et l'obscurité du gouffre, l'Albanie a choisi les étoiles" lance ce géant de plus de deux mètres aux éternelles baskets, qui s'apprête à accueillir les dizaines de dirigeants de la Communauté politique européenne (CEP), qui réunit les 27 pays de l'UE et une vingtaine d'autres Etats.
"Le temps est venu pour nous, sur cette place Skanderbeg (héros national pour avoir résisté à l'empire ottoman au XVe siècle, ndlr) de demander aux Albanais de nous confier l'opportunité historique de l'unification avec l'Europe et de la séparation irrévocable avec l'Asie", ajoute M. Rama, dont le verbe fleuri fait souvent les délices des sommets internationaux.
"L'Europe tout entière viendra et descendra sur cette place" dans les prochains jours, ajoute-t-il, à deux jours de l'ouverture du sommet qui doit réunir tous les dirigeants du continent, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le turc Recep Tayyip Erdogan ou encore le président français Emmanuel Macron.
Une réunion de famille prévue de longue date et qui tombe au lendemain d'une possible reprise des négociations directes entre Russes et Ukrainiens à Istanbul, trois ans après le début de la guerre en Ukraine.
"L'Albanie des trois prochains jours sera, au vrai sens du terme, le centre de l'Europe", se réjouit Rama.
Passant sur la place quelques minutes avant le meeting, Valer Pinderi, la quarantaine, se réjouit d'un possible avenir européen et espère que son pays apportera "son immense tolérance, notamment religieuse" dans un monde nouveau. "J'espère que nous apporterons quelque chose de précieux à l'Europe. Et que l'Europe nous apportera quelque chose en échange".
- Manifestation -
Depuis des semaines, le Premier ministre de ce pays de 2,8 millions d'habitants, longtemps sous le joug d'une des pires dictatures au monde et qui peine à lutter contre l'émigration de sa jeunesse, fait campagne sur une promesse : arrimer l'Albanie, pays le plus europhile des Balkans, à l'UE, d'ici 2030.
Les négociations se sont ouvertes en 2022, et les défis sont encore grands, notamment la poursuite de la lutte contre le crime organisé et la corruption.
L'opposition accuse d'ailleurs régulièrement Rama de liens avec le crime organisé. Un de ses proches, le maire de Tirana, est en détention depuis des semaines, soupçonné de corruption. Plusieurs hauts-fonctionnaires dont des ministres de son gouvernement son également en détention provisoires pour des faits similaires.
Du côté de la droite, son ennemi historique, Sali Berisha, premier président non communiste d’Albanie, est 'persona non grata' aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne depuis 2021 en raison de son implication présumée dans le crime organisé et la corruption.
Défait dans les urnes, il a laissé entendre mercredi qu'il ne baisserait pas la tête si facilement. "Les élections ont été truquées" a-t-il dit lors d'une conférence de presse, appelant à une manifestation vendredi à 18h, en plein sommet.
Pas de quoi inquiéter Edi Rama, qui le promet, désormais en Albanie, "le soleil se lève à l'ouest"
Z.Ma--ThChM