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Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, en visite en Ukraine, a assuré vendredi que Moscou, comme Kiev, "souhaitent un cessez-le-feu", bien que la partie russe ait jusqu'à présent critiqué cette idée.
Le président américain Donald Trump veut une trêve inconditionnelle, mesure que l'Ukraine soutient. Mais la Russie, qui a envahi son voisin en février 2022, a refusé précédemment cette possibilité, estimant notamment qu'elle permettrait à l'armée ukrainienne de reprendre des forces sur le front.
Moscou a en revanche proposé à Kiev de se retrouver pour de nouveaux pourparlers directs lundi à Istanbul, après un premier rendez-vous peu fructueux le 16 mai dans la mégapole turque.
L'Ukraine a dit y être "prête" mais n'a pas encore formellement confirmé qu'elle s'y rendrait, car elle veut d'abord que le Kremlin expose ses conditions pour la paix, un "mémorandum" que Moscou a dit avoir préparé.
Le chef de la diplomatie turc, Hakan Fidan, a néanmoins jugé vendredi que la question commençait "à prendre une tournure plus optimiste à mesure que les négociations commencent".
"Les deux parties souhaitent un cessez-le-feu. Personne ne dit qu'il (n'en veut) pas", a déclaré M. Fidan dans le train qui le menait à Kiev, selon l'agence de presse étatique Anadolu.
Cela fait pourtant deux mois que l'Ukraine et les Occidentaux pressent Moscou d'accepter une trêve de 30 jours immédiate et sans conditions préalables.
- Exigences maximalistes -
Vladimir Poutine a rejeté ces appels, affirmant qu'un cessez-le-feu était possible après des négociations se concentrant sur les "causes profondes" de la guerre.
Ce terme, omniprésent dans la rhétorique russe, fait référence à une série de demandes maximalistes du Kremlin.
La Russie exige notamment que l'Ukraine renonce à jamais à rejoindre l'Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.
Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui assure par ailleurs que le Kremlin ne veut ni paix ni trêve, et cherche simplement à jouer la montre pour continuer son assaut, alors que ses troupes, plus nombreuses et mieux équipées, continuent d'attaquer et de grignoter du terrain dans certains secteurs du front en Ukraine.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a affirmé que Moscou comptait envoyer la même délégation lundi prochain qu'au premier cycle de pourparlers. La composition de l'équipe, menée par un conseiller de second plan, avait été vue par Kiev comme un signe du manque de sérieux de la Russie.
Pire conflit armé en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, l'invasion russe de l'Ukraine a débuté en février 2022 et a déjà fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts.
Le ministre turc Fidan s'est rendu cette semaine en Russie, où il a été reçu par Vladimir Poutine. Arrivé à Kiev vendredi, il a rencontré le chef de la diplomatie Andriï Sybiga et visité un mémorial pour les soldats tombés au front.
- Frustration et critiques -
Il doit rencontrer plus tard dans la journée le président Volodymyr Zelensky.
La Turquie, membre de l'Otan, est parvenue depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 à maintenir de bonnes relations avec les deux pays, en fournissant des drones à Kiev, sans se joindre aux sanctions visant Moscou.
Parallèlement, les Occidentaux tentent d'intensifier leur pression pour trouver une issue diplomatique à la guerre. Donald Trump, qui s'est rapproché de la Russie à cette fin, a exprimé néanmoins sa frustration envers Moscou ces derniers jours.
Après avoir jugé Vladimir Poutine "complètement fou", du fait de la poursuite le week-end dernier de bombardements russes meurtriers contre l'Ukraine, il a estimé mardi qu'il jouait "avec le feu".
Mais il a aussi critiqué Volodymyr Zelensky, à qui il reproche de traîner des pieds pour trouver un accord.
Au Conseil de Sécurité de l'ONU, l'ambassadeur américain intérimaire adjoint, John Kelley, a été jeudi plus clair encore: "Si la Russie prend la mauvaise décision de poursuivre cette guerre catastrophique, les États-Unis devront envisager de se retirer de leurs efforts de négociation", a-t-il prévenu.
L'Ukraine, de son côté, exhorte ses alliés occidentaux à prendre de nouvelles sanctions contre Moscou, une possibilité toutefois écartée une nouvelle fois cette semaine par Donald Trump.
Depuis Singapour, le président français Emmanuel Macron a lui affirmé vendredi que la décision ou non de sanctionner la Russie si elle refuse un cessez-le-feu en Ukraine était un "test de crédibilité" pour Washington.
B.Clarke--ThChM