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Des experts récemment nommés par le ministre de la Santé de Donald Trump et pour beaucoup décriés vont réexaminer jeudi les recommandations vaccinales faites aux Américains, suscitant une vive inquiétude chez nombre de scientifiques.
"Les enjeux sont considérables", alerte auprès de l'AFP Syra Madad, épidémiologiste, en amont de cette réunion qui s'étalera sur deux jours et portera sur deux vaccins infantiles ainsi que sur les vaccins contre le Covid-19.
Comme elle, de nombreux experts craignent que cet examen n'aboutisse à des restrictions d'accès, alors même que les taux du vaccination du pays évoluent à la baisse depuis la pandémie et font craindre le retour de maladies contagieuses mortelles, comme la rougeole.
Habituellement routiniers, ces rendez-vous du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP) qui se tiennent à Atlanta, dans le sud-est des Etats-Unis, ont pris une importance nouvelle ces derniers mois dans un contexte hautement politisé.
Après avoir limogé en juin l'ensemble des experts de ce groupe, le ministre de la Santé américain Robert Kennedy Jr (RFK Jr), contesté pour ses positions antivaccins, y a nommé des figures de son choix, pour la plupart décriées.
Ces derniers ont pour responsabilité de conseiller les CDC, principale agence sanitaire du pays, sur les recommandations en matière de vaccination.
- "Conclusions préétablies" -
Or, selon l'ex-directrice de cette agence, qui a également été limogée avec fracas en août, les recommandations à venir seraient basées sur des "conclusions préétablies".
Interrogée mercredi par une commission sénatoriale sur les raisons de son éviction, Susan Monarez a expliqué que le ministre de la Santé lui avait demandé de s'engager à soutenir une modification du calendrier vaccinal.
"Il n'avait aucune donnée ni aucune preuve scientifique à l'appui" de ce projet, a-t-elle assuré aux parlementaires en insistant sur le rôle crucial joué par les vaccins dans les politiques de santé publique.
"Nous nous sommes battus tellement dur pour vaincre la polio, la rougeole, la diphtérie et beaucoup d'autres maladies. Revenir sur ces progrès serait non seulement irresponsable, mais trahirait toutes les familles qui nous font confiance pour protéger leur santé", a-t-elle aussi lancé.
Questionné plus tôt sur le sujet, RFK Jr avait lui réfuté toute pression.
Ces changements brutaux, qui se sont ajoutés à des coupes budgétaires et des suppressions de postes importantes, ont provoqué une crise importante dans les agences sanitaires fédérales.
- "Pas les moyens" -
Considérant que la fiabilité de ces dernières était compromise, l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) et plusieurs Etats de l'ouest des Etats-Unis ont récemment décidé de publier leurs propres recommandations vaccinales.
Des initiatives dont la portée est limitée, car le remboursement des vaccins reste grandement lié aux recommandations émises par les CDC, sur les conseils de ce fameux panel d'experts.
Si ces derniers venaient cette semaine à alléger ou à cesser la recommandation des vaccins contre le Covid, l'hépatite B ou encore la rougeole, de nombreux Américains n'y auraient plus accès, s'inquiète ainsi Wilbur Chen, médecin infectiologue.
"La réalité, c'est que la plupart des gens n'ont pas les moyens de payer ces vaccins", dont les coûts peuvent s'élever à plusieurs centaines de dollars, explique-t-il.
Lors de leur première rencontre fin juin, les experts du comité fraîchement refaçonné avaient déjà suscité des critiques en faisant la promotion de thèses antivax.
Des déclarations qui faisaient écho aux positions du ministre de la Santé RFK Jr, qui s'est fait des années durant le relais de fausses informations sur les vaccins, notamment sur un prétendu lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et l'autisme.
Une spéculation issue d'une étude truquée qui a été maintes fois démentie par des travaux postérieurs.
N.Lo--ThChM