The China Mail - En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

USD -
AED 3.673018
AFN 71.499636
ALL 87.061306
AMD 390.195672
ANG 1.80229
AOA 916.000034
ARS 1172.693095
AUD 1.55989
AWG 1.8025
AZN 1.699718
BAM 1.726572
BBD 2.025239
BDT 121.869938
BGN 1.728501
BHD 0.376935
BIF 2936
BMD 1
BND 1.310499
BOB 6.930829
BRL 5.715397
BSD 1.003041
BTN 84.76692
BWP 13.730882
BYN 3.282528
BYR 19600
BZD 2.014822
CAD 1.381835
CDF 2872.999859
CHF 0.827555
CLF 0.024698
CLP 947.759778
CNY 7.27135
CNH 7.25139
COP 4198.84
CRC 506.631944
CUC 1
CUP 26.5
CVE 97.341461
CZK 22.008496
DJF 177.720152
DKK 6.59382
DOP 59.032023
DZD 132.575928
EGP 50.791505
ERN 15
ETB 134.606849
EUR 0.88355
FJD 2.261504
FKP 0.749663
GBP 0.750985
GEL 2.744983
GGP 0.749663
GHS 14.293344
GIP 0.749663
GMD 71.497754
GNF 8687.515173
GTQ 7.724462
GYD 210.484964
HKD 7.75554
HNL 26.029114
HRK 6.662994
HTG 131.035244
HUF 357.020237
IDR 16452
ILS 3.62333
IMP 0.749663
INR 83.90985
IQD 1313.73847
IRR 42112.500395
ISK 128.749985
JEP 0.749663
JMD 158.78775
JOD 0.709204
JPY 145.184503
KES 129.349821
KGS 87.450048
KHR 4014.741906
KMF 434.501068
KPW 900.011381
KRW 1417.504978
KWD 0.30682
KYD 0.835783
KZT 514.647601
LAK 21686.066272
LBP 89872.479044
LKR 300.259103
LRD 200.606481
LSL 18.677031
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 5.475147
MAD 9.294287
MDL 17.217315
MGA 4453.70399
MKD 54.374964
MMK 2099.538189
MNT 3574.392419
MOP 8.012798
MRU 39.770298
MUR 45.520205
MVR 15.41012
MWK 1739.283964
MXN 19.56976
MYR 4.292504
MZN 63.999636
NAD 18.673816
NGN 1606.250077
NIO 36.90936
NOK 10.38069
NPR 135.627425
NZD 1.685857
OMR 0.384986
PAB 1.003032
PEN 3.677638
PGK 4.095253
PHP 55.593996
PKR 281.827034
PLN 3.78065
PYG 8033.511218
QAR 3.655833
RON 4.399198
RSD 103.446754
RUB 81.873197
RWF 1440.892679
SAR 3.750182
SBD 8.361298
SCR 14.652296
SDG 600.500744
SEK 9.70545
SGD 1.305403
SHP 0.785843
SLE 22.790523
SLL 20969.483762
SOS 573.196677
SRD 36.847032
STD 20697.981008
SVC 8.775321
SYP 13002.38052
SZL 18.660534
THB 33.143027
TJS 10.571919
TMT 3.5
TND 2.978994
TOP 2.342104
TRY 38.56613
TTD 6.792886
TWD 31.267501
TZS 2697.581986
UAH 41.609923
UGX 3674.195442
UYU 42.206459
UZS 12970.563573
VES 86.73797
VND 26005
VUV 120.584578
WST 2.773259
XAF 579.073422
XAG 0.030705
XAU 0.000307
XCD 2.702551
XDR 0.723012
XOF 579.08109
XPF 105.265016
YER 244.949563
ZAR 18.452455
ZMK 9001.191688
ZMW 27.90983
ZWL 321.999592
  • AEX

    12.4700

    890.34

    +1.42%

  • BEL20

    27.9100

    4457.38

    +0.63%

  • PX1

    106.3100

    7699.9

    +1.4%

  • ISEQ

    164.9300

    10537.9

    +1.59%

  • OSEBX

    4.6100

    1491.74

    +0.31%

  • PSI20

    -65.7300

    6926.72

    -0.94%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    70.1300

    2875.5

    +2.5%

  • N150

    22.4900

    3429.39

    +0.66%

En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé
En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

En France, un cimetière d'enfants harkis oublié depuis 42 ans ressurgit du passé

"Ici c'est une tombe... là aussi, les monticules ont refait surface", s'émeut Nadia. Puis elle dépose une peluche sur un tas de terre couvert de pierres. Dessous, la tombe d'un enfant de Harkis, mort dans un camp du sud de la France puis enterré indignement il y 59 ans. Ce cimetière sauvage, récemment débroussaillé, sera bientôt le théâtre de fouilles historiques pour sauver ces enfants de l'oubli.

Taille du texte:

Dans quelques semaines, ce cimetière de fortune situé sur un terrain militaire, où de nombreux nourrissons ont été enterrés sans sépulture décente entre 1962 et 1964, fera l'objet de fouilles décidées par les autorités, pour retrouver les traces de tombes et tenter de réparer ce pan tragique et méconnu de l'histoire franco-algérienne.

Ce sont des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) qui effectueront ces fouilles, qui dureront "plusieurs jours", a annoncé à l'AFP la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq.

Mais en ce début février, seul le grondement d'un vent glacé déchire le silence de ce champ et bois de chênes de la localité de Laudun-L'Ardoise (sud), faisant vaciller des peluches accrochées dans les arbres ou posées au sol par des anonymes.

Sur plusieurs dizaines de mètres, des monticules de terre, parfois alignés en rangées - où des pierres ont été disposées pour les marquer, selon le rite musulman - ont émergé de ronces touffues grâce au débroussaillage.

"Ca m'émeut et m'attriste de savoir que ces dépouilles sont ici depuis 59 ans, cachées dans ce passé douloureux... ces enfants sont nos compatriotes et ils ont été oubliés", dit à l'AFP Nadia Ghouafria, 50 ans, fille de Harkis, et dont les parents ont vécu dans l'ancien camp de Harkis voisin de Saint-Maurice-l'Ardoise.

"Mais ça me soulage aujourd'hui de voir que ces enfants sont visibles, qu'ils vont retrouver une existence et être réhabilités", ajoute-t-elle.

- "Faute de la République" -

Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), les Harkis sont, à l'issue de cette guerre, abandonnés par la France.

Environ 90.000 d'entre eux et leurs familles fuient l'Algérie et sont accueillis en France.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont parquées dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables.

Parmi les personnes décédées dans ces camps, une grande majorité étaient des bébés morts-nés ou des nourrissons, selon le récit de l'historien Abderahmen Moumen et les témoignages de familles révélés par l'AFP en septembre 2020 dans une enquête exclusive fruit de plusieurs mois d'investigation.

L'AFP avait aussi révélé l'existence de ce cimetière sauvage de St-Maurice-l'Ardoise - découvert peu avant dans des archives locales par Nadia - et d'un procès verbal de gendarmerie daté de 1979 compromettant pour les autorités.

Dans plusieurs régions de France, il y a près de 60 ans, des dizaines de ces bébés ont été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou par des militaires, dans les camps ou à proximité, dans des champs. Avec le temps, les cimetières ont disparu sous les herbes folles, et les familles de Harkis, relocalisées dans d'autres régions, ont enfoui au plus profond d'elles mêmes les fantômes de ce passé traumatique.

Entre fin 1962 et 1964, 70 personnes (dont 60 jeunes enfants) décèdent ainsi aux camps de St-Maurice et de Lascours, dont au moins une dizaine de bébés morts-nés à l'infirmerie du camp de St-Maurice où une épidémie de rougeole s'était déclenchée.

Trente-et-une personnes, en grande majorité de très jeunes enfants, sont alors enterrées dans ce champ à Laudun-L'Ardoise, aux abords d'une route peu fréquentée.

"Dans ces camps, la République n'a pas été à la hauteur de ses valeurs", a commenté mardi dans un entretien à l'AFP Geneviève Darrieussecq. "Tout cela doit être dit, connu et reconnu comme une faute de la République".

Elle qualifie le site de St-Maurice-l'Ardoise de "cimetière illégal, de fortune, puisque ce ne sont pas les règles d'inhumation dans notre pays", ajoutant: "c'est une erreur, c'est un manquement" de l'Etat. "Tout cela est tragique et je comprends que le ressenti des familles qui vivaient là, des Harkis, soit très fort par rapport à ces faits".

- "Pratiques indignes" -

Membre de l'association locale de l'Aracan - qui effectue des recherches sur les lieux de mémoire harkis - Nadia est une lanceuse d'alerte à sa manière.

A l'issue de deux ans de démarches auprès des archives locales, elle a découvert en 2019 le dossier du "+cimetière provisoire du camp de St-Maurice l'Ardoise+.

Or ce dossier contient un procès verbal de la gendarmerie daté de 1979, aux termes édifiants, qui atteste que les autorités de l'époque connaissaient l'existence de ce cimetière.

Ses auteurs conseillent même de ne "pas trop ébruiter l'affaire qui risquerait d'avoir des rebondissements fâcheux notamment si cela était porté à la connaissance des responsables du mouvement de défense des rapatriés d'Algérie, anciens harkis".

L'Aracan interpelle: pourquoi les autorités, informées en 1979 de l'existence du cimetière alors que les corps ou ossements des enfants auraient encore pu être retrouvés - car aujourd'hui ces chances sont infimes - et remis à leurs familles grâce aux contacts avec les associations, n'ont-elles pas agi ?

Interrogée, la ministre juge que ce "sont des choses qui sont moralement anormales vis-à-vis de ces familles". "Il y a eu là des pratiques indignes". Selon elle, la portée des fouilles c'est notamment "la reconnaissance" et "le chemin vers le pardon qu'a souhaité le président de la République".

Dans un discours qui a fait date, Emmanuel Macron a, le 20 septembre dernier, demandé "pardon" aux Harkis au nom de la France.

L'Aracan s'est dite "satisfaite" que des fouilles soient entreprises.

Depuis une marche blanche organisée le 14 juillet 2021, plusieurs familles se sont rapprochées de l'association pour savoir si "leur frère, leur soeur, leurs cousins" figuraient sur le registre d'inhumation du cimetière, explique Nadia.

Ces familles "sont en quête de vérité" et de "réponses à leurs questions", pour la "mémoire de leurs parents", souffle-t-elle, avant de contempler les monticules de terre enveloppés de silence.

A.Zhang--ThChM