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L'ailière du XV de France Joanna Grisez, qui s'est d'abord illustrée à sept, veut oublier sa déception olympique en décrochant le titre lors de la Coupe du monde en Angleterre où sa vitesse spectaculaire a lancé les Bleues vers la victoire contre l'Italie samedi.
Pour leurs débuts dans la compétition, à Exeter, les Bleues semblaient bloquées et ne parvenaient pas à concrétiser leur ultra-domination à l'approche de la demi-heure de jeu.
Les Italiennes résistaient sur les duels à quelques mètres de leur ligne et la solution est venue d'une combinaison en première main après une touche à 40 mètres de l'en-but. Lancée par Carla Arbez au centre du terrain, Grisez a trouvé l'intervalle entre deux défenseuses italiennes, et est allée aplatir en solitaire.
"Ça fait surtout du bien de réussir un lancement propre derrière, de jouer, de mettre de la vitesse et de se faire plaisir", a souligné la joueuse de 28 ans après le succès (24-0).
L'essai porte la signature Grisez, comme celui qui avait marqué les esprits contre l'Angleterre fin avril lors du Tournoi à Twickenham (défaite 43-42), où elle avait pris toute la défense de vitesse en traversant la moitié du terrain. Avec seulement 10 sélections, elle a déjà marqué neuf fois en bleu à XV.
Les images peuvent rappeler le rugby à VII, où les espaces favorisent les grandes chevauchées. Rien d'étonnant: la joueuse du Stade bordelais a surtout joué au plus haut niveau à VII, avec l'équipe de France.
Si elle a découvert le rugby sur le tard, à 19 ans, elle est vite repérée quand elle arrive en équipe de France universitaire et rentre dans le giron des Bleues à VII.
Elle devient incontournable en équipe de France, une des plus régulières du circuit mondial. Mais elle joue de malheur lors des JO: une blessure la prive des Jeux de Tokyo en 2021 et trois ans après elle est sonnée, comme tout le Stade de France, par l'élimination surprise en quarts de finale, deux jours après le titre des Bleus.
- "Retrouver l'envie" -
"Paris c'était vraiment le point de ma carrière le plus important. Quand finalement on n'a pas la médaille, tout s'écroule un peu autour", a-t-elle expliqué à l'AFP en juillet. "Il a fallu derrière redonner du sens à mon rugby, à ce que je faisais, retrouver juste l'envie tout court de faire des choses."
La perspective du Mondial en Angleterre est tombée à pic. L'ailière a déménagé à Bordeaux où elle a participé au troisième titre de championne de France consécutif des Lionnes, malgré une blessure à un genou lors de son premier match qui l'a privé des premiers mois de la saison et du début du Tournoi.
"J'ai retrouvé de l'envie, j'ai réappris à avoir du plaisir à l'entraînement, chose que j'avais perdue depuis très longtemps. Et puis être avec des filles qui elles bossent, sont en cours, je sais que je suis privilégiée. Ca m'a fait du bien de retourner en club", décrit-elle.
En Angleterre, l'ambition est de faire mieux que la troisième place lors du dernier Mondial en 2022 où elle a vécu sa première expérience du haut niveau à XV.
"Vu que ce n'était pas un objectif que je m'étais fixé (d'être au Mondial), ce n'était pas prévu entre guillemets, je l'ai vraiment pris comme du plus (...) après c'est toujours décevant parce que moi je suis une chasseuse de médailles (d'or). Donc forcément une troisième place, ce n'est jamais ultra satisfaisant", explique-t-elle.
"Moi, ce que je veux, c'est gagner la Coupe du Monde", insiste Grisez.
Pour un titre en 2025, il faudra vraisemblablement un exploit contre l'Angleterre en demi-finales, où les Bleues auront besoin de ses jambes de feu.
R.Yeung--ThChM