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Médaillé de bronze du 5.000 m une semaine après son sacre dans le 10.000 m, le Français Jimmy Gressier a écrit à Tokyo l'une des plus belles pages de l'athlétisme français, à qui il apporte les deux seules médailles de ces championnats du monde.
"Je suis sur mon petit nuage, je vais avoir besoin de redescendre et de décompresser pour me rendre compte. Je n'ai pas encore eu le temps de réaliser", jubilait le Boulonnais de 28 ans après sa course.
Sa folle épopée tokyoïte avait débuté il y a huit jours. En finale du 10.000 m, Gressier avait profité du rythme lent de la finale pour tirer son épingle du jeu et surprendre les cadors éthiopiens dans le sprint final.
Libéré, plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter : "Je suis en finale (du 5.000 m), j'espère que tout le monde croit en la médaille et en la gagne. Ce serait une faute professionnelle de ne pas y croire", affirmait-il après sa série.
Contrairement au 10.000 m, le 5.000 m s'est couru d'entrée de jeu sur un rythme rapide dimanche, avec les Américains Grant Fisher et Nico Young en tête de peloton. Derrière, Gressier suivait sans trop se montrer mais sans jamais se faire piéger, jusqu'à l'entame du dernier tour où il s'est replacé aux avants-postes.
"Je m'attendais à une course rapide. Dans le dernier 800 m, je vois que je suis bien placé. J'ai envie de mettre un gros coup mais je me dis +calmos, calmos, calmos+", a raconté Gressier.
- "Course rapide" -
Au sprint avec les meilleurs dans les 200 derniers mètres, Gressier n'a rien pu faire face au champion olympique du 1.500 m Cole Hocker, revanchard après sa disqualification en demi-finale sur la distance.
Cinquième avant le dernier virage, Hocker (12:58.30) a réussi à remonter tous ses concurrents pour finir devant le Belge Isaac Kimeli (12:58.78). Derrière, Gressier s'est accroché tant bien que mal, se retournant frénétiquement dans la dernière ligne droite pour vérifier qu'il allait bien couper la ligne avec une nouvelle médaille autour du cou (12:59.33).
En fin de course, "je me dis que je vais être champion du monde", raconte Gressier. "Je suis prêt à mettre mon dernier +kick+ et là Cole Hocker déboule et ça me coupe les jambes totalement."
"Plutôt que de jouer au gourmand, je me dis qu'il faut assurer la troisième place. J'avais vraiment envie de repartir avec une médaille", a-t-il enchaîné.
Fou de joie, Gressier a mis le drapeau bleu-blanc-rouge sur ses épaules avant d'aller retrouver sa petite amie Aude Clavier, championne de France du 5.000 m, et son coach Adrien Taouji, présents dans les tribunes.
"Certains disaient que j'avais gagné le 10.000 m parce que c'était une course lente, aujourd'hui je fais troisième sur une course rapide", souligne-t-il.
- "Barrières psychologiques" -
En plus de ramener à la France les deux seules médailles des championnats du monde, Jimmy Gressier a écrit à Tokyo une des plus belles pages de l'athlé français et inscrit son nom parmi des géants de l'athlé mondial.
Jamais un Français n'avait été titré sur 10.000 m en grands championnats et il faut remonter aux JO de 1952 avec Alain Mimoun pour trouver un Tricolore médaillé sur 5.000 m comme sur 10.000 m. Et aucun Français n'avait été médaillé deux fois en individuel dans un même championnat depuis Christine Arron (100 m, 200 m en 2005).
"Ca laisse présager de belles choses. Ca y est, les barrières psychologiques sont brisées aujourd'hui", s'est réjoui Yann Schrub, 9e du 5.000 m dimanche. Etienne Daguinos, troisième Français en lice dimanche, se classe 14e.
"Je retiens juste qu'on a deux médailles et que c'est Jimmy qui les a apportées", a ajouté Schrub, issu de la même génération que Gressier avec qui il a partagé plusieurs podiums européens par équipes en cross.
L'ultime soirée des Mondiaux a également été rythmée par la victoire surprise de la Kényane Lilian Odira sur 800 m. L'Australienne Nicola Olyslagers a été titrée à la hauteur (2,00 m) tandis que que le Suédois Daniel Stahl s'est imposé au disque à l'issue d'un concours longuement retardé par la pluie (70,47 m).
Sur les relais, les Américains ont fait une razzia en décrochant l'or sur les deux 4x100 m hommes et femmes et sur le 4x400 m femmes. Deuxièmes sur 4x100 m, les Jamaïcaines offrent à la légende du sprint Shelly-Ann Fraser-Pryce une dernière médaille internationale (sa 25e, JO inclus) pour l'ultime course de sa carrière.
Q.Yam--ThChM