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Trois ressortissants iraniens inculpés d'espionnage et de préparation d'actes violents au Royaume-Uni au profit de l'Iran ont été présentés devant la justice samedi à Londres, le gouvernement britannique dénonçant les "menaces croissantes émanant d'Etats" sur son sol.
Ces hommes de 39 à 55 ans arrêtés il y a deux semaines font l'objet d'"accusations extrêmement graves, portées à l'issue d'une enquête rapide et très complexe", a déclaré le commandant de l'unité antiterroriste de la police de Londres Dominic Murphy.
Leur inculpation pour des "actes susceptibles d'aider un service de renseignement étranger", commis entre août 2024 et février 2025, a été annoncée samedi matin. Elle a été suivie de leur comparution devant un tribunal de la capitale britannique.
- "Menaces croissantes" -
Les trois hommes, portant des sweatshirt gris, n'ont pas déclaré s'ils plaidaient coupables ou non. Ils ont été placés en détention provisoire et comparaîtront pour une audience préliminaire devant la Cour criminelle de l'Old Bailey à Londres le 6 juin.
"L'Iran doit être tenu pour responsable de ses actes", a écrit la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper dans un communiqué.
"Nous devons renforcer nos pouvoirs pour protéger notre sécurité nationale, car nous ne tolérerons pas de menaces croissantes émanant d'Etats sur notre sol", a-t-elle ajouté.
Depuis début 2022, le Royaume-Uni a identifié plus de 20 complots soutenus par l'Iran, présentant des menaces potentiellement mortelles pour les citoyens britanniques et les résidents du Royaume-Uni, selon le gouvernement.
D'après la BBC, ces hommes prévoyaient de s'en prendre à des journalistes d'Iran International, une chaîne de télévision privée qui a son siège à Londres et classée organisation terroriste par Téhéran.
En mars 2024, son reporter Pouria Zeraati avait été agressé au couteau près de son domicile dans la capitale britannique et avait dû être hospitalisé pour une blessure à la jambe.
Mostafa Sepahvand, 39 ans, Farhad Javadi Manesh, 44 ans et Shapoor Qalehali Khani Noori, 55 ans, des habitants de Londres, ont été interpellés le 3 mai avant de faire l'objet d'un mandat de détention en vertu de la loi de 2023 sur la sécurité nationale.
Celle-ci permet à la police d'arrêter des personnes soupçonnées d'être impliquées "dans une activité de menace émanant d'une puissance étrangère".
Mostafa Sepahvand, qui était en fauteuil roulant au tribunal, a été inculpé pour des actes de surveillance ou de reconnaissance "dans l'intention de commettre des actes de violence grave contre une personne au Royaume-Uni", a expliqué la police.
- Complot -
Farhad Javadi Manesh et Shapoor Qalehali Khani Noori ont quant à eux été inculpés pour des motifs similaires mais avec l'intention que ces violences soient "commises par d'autres".
Ils sont tous les trois arrivés sur le sol britannique "par des moyens irréguliers, notamment de petits bateaux", entre 2016 et 2022, a affirmé le gouvernement.
Un quatrième Iranien, âgé de 31 ans, avait été arrêté le 9 mai, avant d'être relâché sans poursuites jeudi dernier.
Le 3 mai, cinq ressortissants iraniens avaient également été arrêtés à Londres, Swindon (ouest de la capitale) et dans la région de Manchester dans le cadre d'une autre enquête.
La police a annoncé samedi que quatre d'entre eux, qui avaient été appréhendés sur des soupçons de "préparation d'un acte terroriste", avaient été remis en liberté mais que l'enquête "se poursuivait".
Le cinquième avait auparavant été libéré sous caution.
"L'enquête porte sur un complot présumé visant un site spécifique", avait dit la police. Il s'agit, selon des médias britanniques, de l'ambassade d'Israël à Londres.
Téhéran avait "catégoriquement" rejeté toute implication, et le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a assuré que son pays était "prêt à s'engager pour faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé".
Le Royaume-Uni a annoncé début mars placer l'Iran, ses services de renseignement et les Gardiens de la Révolution au niveau le plus élevé de son nouveau système gouvernemental "FIRS" de surveillance des "influences étrangères secrètes".
Il a ensuite pris des mesures équivalentes pour toutes les personnes travaillant pour l'Etat russe au Royaume-Uni. Elles devront se faire enregistrer d'ici à l'été, faute de quoi elles encourront une peine de prison.
Londres a également mandaté un avocat, Jonathan Hall, pour étudier l'adaptation du "cadre (légal) de lutte contre le terrorisme aux menaces étatiques contemporaines", qui rendra ses conclusions cette semaine, a déclaré Mme Cooper.
S.Davis--ThChM