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Nouvelle étape dans l'affaire des airbags défaillants du fabriquant japonais Takata ayant provoqué des morts en France: des juges d'instruction enquêtent sur des soupçons de tromperie aggravée et mise en danger de la vie d'autrui.
Les investigations pourraient en outre être étendues à trois accidents mortels. A ce stade, trois parquets se sont en effet dessaisis au profit de celui de Paris des enquêtes qu'ils menaient sur des accidents mortels survenus dans leur juridiction.
"A la réception formelle des procédures", le parquet de Paris "pourra saisir supplétivement les juges d'instruction", a-t-il expliqué vendredi, sollicité par l'AFP.
Le 3 juin, le parquet de Tarbes s'est ainsi dessaisi d'une enquête préliminaire ouverte après l'explosion d'un airbag Takata le 18 novembre 2023 à Galan (Hautes-Pyrénées) ayant causé la mort d'un homme né en juillet 1972, conducteur d'une C3.
Le même jour, le parquet de Fort-de-France s'est dessaisi d'une enquête préliminaire ouverte à la suite de l'explosion d'un airbag Takata le 28 décembre 2021 aux Trois-Ilets (Martinique) ayant causé la mort d'un homme né en avril 1954, conducteur d'une C3.
Et le 17 juin, le parquet de Reims s'est dessaisi de la même manière d'une enquête préliminaire ouverte après l'explosion d'un airbag Takata le 11 juin 2025 à Reims ayant causé la mort d'une femme née en octobre 1988, conductrice elle aussi d'une C3.
L'information judiciaire a été ouverte le 16 avril pour "pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée, non-information des acquéreurs d'un produit de sa non-conformité portant sur une qualité substantielle, mise en danger de la vie d'autrui", a détaillé le ministère public.
Le parquet rappelle qu'"à la suite de plaintes déposées auprès du parquet de Versailles par l'association UFC-Que choisir et par plusieurs propriétaires de véhicules du groupe Stellantis équipés d'airbags de marque Takata, puis du dessaisissement du parquet de Versailles, la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée) de Paris a ouvert une enquête".
Il a ensuite été "proposé à d'autres parquets de joindre leurs procédures connexes à celle-ci", a expliqué le parquet.
D'autres informations judiciaires ont été ouvertes et d'autres plaintes ont été déposées dans d'autres juridictions, a précisé le parquet de Paris, dont la juridiction n'est ainsi pas, à ce stade, saisie de toutes les procédures relatives aux airbags Takata.
Le 10 avril, la Chancellerie avait demandé le regroupement à la Jirs de Paris de l'ensemble des enquêtes menées sur les conséquences des défaillances de ces airbags "dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice".
- Scandale mondial -
Depuis 2014, le scandale industriel de ces airbags défectueux, qui ont provoqué une série de morts, secoue le secteur de l'automobile dans le monde.
A cause d'un gaz qui vieillit mal, ces équipements de sécurité censés protéger les passagers en cas de choc, peuvent exploser, notamment dans les climats chauds et humides, en projetant des pièces au visage des conducteurs.
De nombreux constructeurs ont dû immobiliser des millions de véhicules à travers la planète, afin de remplacer les airbags défectueux.
Le ministère des Transports a recensé au total en France 18 morts et 25 blessés - dont 16 décès et 24 blessés dans les Outre-mer.
L'accident mortel à Reims a conduit mardi Citroën à demander l'immobilisation immédiate (un rappel appelé "stop drive") de toutes les C3 et DS3 en Europe encore équipées de ce type d'équipement dangereux, quelle que soit leur année de production, suivie d'une réparation, après une demande en ce sens du ministre français des Transports, Philippe Tabarot.
En France, Citroën avait lancé une immobilisation de quelque 236.900 modèles C3 et DS3 dans le nord du pays début 2025, après une première campagne au printemps 2024 dans le sud de l'Europe pour certains modèles. La mesure ne concernait pas jusqu'à présent les voitures fabriquées après 2013.
Pour les modèles fabriqués à partir de 2014, un rappel en concession par lettre simple, sans "stop drive", avait été lancé en mai 2025. "Nos analyses ne montraient pas de risque de dégradation au-delà de 2013", a précisé un porte-parole de Stellantis.
Près d'un tiers des véhicules doivent encore être réparés, selon le constructeur.
A.Kwok--ThChM