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Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir placé en détention les premiers migrants arrivés sur des petits bateaux et ayant vocation à être renvoyés "dans les prochaines semaines" en France dans le cadre du traité franco-britannique entré en vigueur mercredi.
Ce nouveau traité, annoncé lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni en juillet, vise à dissuader les personnes souhaitant traverser la Manche sur des embarcations précaires et bondées, organisées par des réseaux de passeurs.
"Les personnes arrivées au Royaume-Uni sur un bateau hier midi ont été placées en détention. Elles seront placées dans des centres de rétention administrative en attendant leur expulsion", a indiqué jeudi le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Il ne précise pas combien de migrants ont été arrêtés, ni combien il entend renvoyer de migrants en France dans le cadre de ce dispositif critiqué par des ONG et qui laisse sceptique l'opposition au gouvernement travailliste.
Selon Londres, les premières expulsions devraient avoir lieu "dans les prochaines semaines".
Le Royaume-Uni va transmettre dans un délai de trois jours à la France les noms des migrants arrêtés qu'elle souhaite expulser, et les autorités françaises auront 14 jours pour répondre, détaille le Home Office.
"Quand j'ai promis que je ne reculerai devant rien pour sécuriser nos frontières, j'étais sérieux", s'est félicité sur X le Premier ministre Keir Starmer, qui est sous pression pour endiguer ces arrivées de migrants.
Le dispositif est un projet pilote valable jusqu'en juin 2026.
Soucieux de montrer qu'il agit pour endiguer le phénomène des arrivées de migrants par la Manche, le gouvernement travailliste a multiplié les initiatives depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024.
Il a signé plusieurs accords de coopération avec d'autres pays (Allemagne, Irak, etc.), renforcé les moyens de la police aux frontières pour lutter contre les réseaux de passeurs, ou encore approfondi la coopération de longue date instaurée avec la France.
Keir Starmer, qui a abandonné le projet des conservateurs d'expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda, est sous pression du parti anti-immigration Reform UK, à la popularité croissante.
- "Etape importante" -
Un nombre record de plus de 25.400 personnes sont arrivées au Royaume-Uni à bord de "small boats" depuis le début de l'année, en hausse de 49% sur un an.
Et 18 personnes sont mortes depuis janvier en tentant ces dangereuses traversées de la Manche, selon des données du ministère de l'Intérieur français.
Reconnaissant qu'il "faudra du temps" pour démanteler les réseaux de passeurs, "ces détentions sont une étape importante pour saper leur modèle économique et leurs fausses promesses", a déclaré la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper, citée dans le communiqué.
Le traité est basé sur un principe d'"un pour un". La France reprendra des migrants arrivés au Royaume-Uni par "small boat" et dont la demande d'asile n'est pas jugée admissible parce qu'ils sont passés auparavant par un pays considéré comme "sûr", selon le Home Office.
Les mineurs non accompagnés ne pourront pas être renvoyés vers la France.
Dans l'autre sens, Londres acceptera des personnes se trouvant en France et ayant fait une demande sur une plateforme en ligne, en donnant la priorité à celles ayant des liens avec le Royaume-Uni.
Cette plateforme est opérationnelle depuis ce jeudi sur le site internet du gouvernement britannique.
Londres et Paris ont insisté sur le fait que les nouveaux arrivants seront soumis de part et d'autre de la Manche à un examen sécuritaire complet.
C.Fong--ThChM